La réalité est là. Le sport algérien a régressé de manière inquiétante, notamment après la faillite de deux disciplines qui nous avaient habitués à mieux par le passé, à savoir la boxe et le judo. Qu'on le veuille ou non, ces Olympiades de Rio ont mis à nu les carences du sport national, incapable de rivaliser avec les autres nations. À l'exception de Makhloufi, qui a sauvé l'honneur de l'Algérie en arrachant un doublé en argent, les autres participants, 64 athlètes dont l'équipe de football, n'ont fait que de la figuration. On est loin des prévisions et des quatre médailles sur lesquelles avait tablé le Comité olympique algérien. Faillite de la boxe et du judo Le constat est tout simplement accablant pour l'ensemble des disciplines, en premier lieu le judo où les cinq athlètes engagés ont tous connu des éliminations précoces. C'est le cas notamment du champion d'Afrique Abderrahmane Benamadi qui s'est fait éjecter dès le premier tour, tout comme le jeune Houd Zourdani et Sonia Asselah. Quant à Lyès Bouyacoub et Mohamed Amine Tayeb, ils ont tout de même réussi à passer le premier tour avant de plier devant le no1 mondial, l'Azéri Elmar Gasimov, et la légende française, Teddy Riner. En boxe, on peut même parler de fiasco. En effet, parmi les huit pugilistes présents à Rio, aucun n'est parvenu à atteindre le dernier carré de la compétition, synonyme d'une médaille de bronze assurée au minimum. Seuls les expérimentés Mohamed Flissi (3e au championnat du monde de Doha), Abdelhafid Benchabla (5e à Londres) et le jeune Réda Benbaâziz ont réussi à atteindre les quarts mais cela reste insuffisant surtout pour une discipline qui fut par le passé le porte-flambeau du sport national. Les autres disciplines ont brillé par la médiocrité de leurs performances. C'est le cas notamment du cyclisme où les deux coureurs Youssef Reguigui et Mansouri Abderrahmane ont abandonné, tout comme Laâgab en 2012 à Londres. L'escrime, qui nourrissait l'ambition de créer la surprise par Hamid Victor Sinter au fleuret masculin, a été une autre grande déception de ces jeux pour le sport algérien, après son élimination au premier tour, comme Anissa Khelfaoui pour laquelle les Jeux olympiques se suivent et se ressemblent avec une troisième élimination de rang dès le premier tour de la compétition. En natation, Oussama Sahnoun a échoué dans sa tentative de décrocher une place en demi-finale du 50 m nage libre. Que dire alors de la sélection olympique de football qui a complètement manqué son retour aux JO après 36 ans d'absence, en quittant le tournoi avant même de disputer son troisième et dernier match du premier tour contre le Portugal (1-1), après les deux défaites concédées face au Honduras (2-3) et l'Argentine (1-2).
Bouraâda, l'autre satisfaction Au chapitre des satisfactions, on notera tout de même la bonne performance de Larbi Bouraâda qui a terminé le concours du décathlon à la cinquième place avec un total de 8 521 points, améliorant du coup de 80 points son record d'Afrique établi à Pékin. Il y a aussi la bonne impression laissée par le jeune boxeur Réda Benbaâziz dont le parcours est plus qu'honorable pour sa première sortie olympique. Avec un peu plus d'expérience, le natif d'Akbou aurait pu prétendre à la médaille. Cela sans oublier les performances encourageantes de certains jeunes athlètes, entre autres les deux rameurs, Sid-Ali Boudina et Amina Rouba, auteurs d'une première historique pour la discipline en Algérie en atteignant les quarts de finale de l'épreuve du skiff individuel, les deux haltérophiles Walid Bidani et Boudina et Fatma-Zohra Hirèche (haltérophilie), en progression constante, ou encore Chafik Bouaoud, à peine 17 ans, qui a réussi à améliorer son record personnel dans l'épreuve du tir sportif (10 m carabine à air comprimé).
L'heure des comptes En somme, ces Jeux olympiques ont, une fois de plus, mis à nu le niveau du sport algérien et sa cruelle régression, au point qu'il n'arrive plus à s'imposer dans certaines disciplines qui faisaient, naguère, sa force. Seul l'athlétisme a réussi, comme à l'accoutumée, à sauver les meubles et à chasser ce sentiment de frustration qui animait le peuple algérien lors de ces JO. Il est vrai que Taoufik Makhloufi a réussi un exploit retentissant en offrant deux médailles d'argent à l'Algérie, mais cela ne devrait guère faire oublier les échecs dans les autres disciplines. Faut-il remettre en cause la politique sportive de notre pays qui aura montré ses limites en l'absence d'une formation de base ? En tout cas, ceux qui ont tracé les contours de cette politique infructueuse sans se soucier des résultats doivent rendre des comptes à tout un peuple car il est impensable que des pays beaucoup moins huppés en matière de sport comme le Kosovo, Singapour, Taipei ou le Tadjikistan, nous devancent au tableau des médailles. Les responsables des fédérations et du COA tentent de se défendre face aux graves accusations de mauvaise gestion lancées à partir de Rio par bon nombre d'athlètes, à l'image des Makhloufi, Bouraâda et Mahour Bacha, l'entraîneur du décathlonien. Cela ne peut empêcher toutefois de demander des comptes.