Du courage d'en parler à l'élégance d'en rire, les intrigues de société chauffent les planches du théâtre régional de Skikda. Quinze comédiens ont su captiver le public, lors de la générale de l'œuvre «La saison de la corde», adapté de l'essayiste et écrivain Mustapha Natour, donnée ce week-end au théâtre régional de Skikda. Cette même troupe a émerveillé les spectateurs par la qualité et l'originalité de sa prestation. Côté distribution, il convient d'informer que ces mêmes comédiens ont évolué dans l'œuvre «Devant les murs de la ville», une adaptation de l'œuvre de Tankred Dorst et mise en scène par l'illustre Sonia. Ce spectacle expérimental, a duré deux mois et demi de répétition, et a autant amusé que subjugué le public venu assister à cette représentation, au vu du sujet abordé, en prise directe avec l'histoire, il dépeint également la vie d'une époque révolue mais toujours présente. Ce cocktail puisé d'anciennes et de nouvelles productions théâtrales ne peut, finalement que séduire. La preuve, les comédiens ont utilisé l'art de la «hadra». Cet art assez similaire à la «halqa», est considéré par les initiés dans ce domaine comme un patrimoine commun à tous les peuples d'Afrique. Cette prestation jouée pendant une heure dans une salle qui a fait le plein, a montré les capacités de quinze comédiens débordant d'une énergie sur les planches d'un côté, et la réceptivité d'une pléiade de spectateurs connaisseurs de l'autre. La trame du texte relate les péripéties rocambolesques, mi-comique mi-dramatique d'un narrateur. Or voilà qu'il se retrouve entraîné malgré lui, à vivre en reclus dans les difficultés des époques relatées de notre histoire. Il s'agit précisément de l'époque ottomane. La seule constante semble être cette plongée dans les fins fonds de l'humain avec toutes ses faiblesses, dans une société emplie de diversité et dont la singularité demeure cette recherche de soi en l'autre, où tout le monde se bouscule les désirs, les erreurs, les bévues et finissent par s'égratigner à force d'interdits et d'ambitions. Ces comédiens évoluent dans un décor simple composé d'accessoires élémentaires. Ils tentent de captiver l'assistance pendant une heure de jeu où l'absurde de dispute au drame. Un univers envoûtant et sensuel servi par une scénographie et une chorégraphie époustouflantes, qui fait la part belle aux créateurs. Plusieurs personnages. Un style changeant et varié. Une approche réelle empreinte de soufisme, un travail centré aussi bien sur le physique que sur l'interprétation du texte. La force de la touche artistique de Djamel Marir, a fait exploser ses talents insoupçonnés, dont lui seul peut apporter rigueur et investissement passionné. Conçu tel un voyage intérieur au service de l'humanité, cette production théâtrale redonne à l'Algérie et au reste du monde un aperçu sur le soufisme, la paix, l'espoir et l'unité.Il faut dire que la générale de cette œuvre a reçu un accueil enthousiaste. Les comédiens se sont surpassés dans l'interprétation de leurs rôles respectifs. Ce spectacle a tenu en haleine le public qui a exprimé son admiration pour le jeu des comédiens par des applaudissements nourris. A noter que cette même œuvre théâtrale sera distribuée à travers plusieurs représentations. Elle sera programmée pour la dernière semaine du mois de mars à Constantine, dans le cadre du printemps théâtral. «La saison de la corde» participera officiellement en compétition du festival national du théâtre professionnel.