L'humour est indéniablement le meilleur remède contre la déprime et la morosité qui caractérise le quotidien des jeunes Algériens. Savoir rire de ses malheurs est l'une des rares capacités que la jeunesse algérienne a développées face aux portes fermées de la société. Chômage, mariage, projets inaboutis et futur flou sont des problèmes plus que récurrents dans notre société et qui ne cessent d'inspirer nos humoristes. Certains l'ont bien compris et ont fait de cet humour de dérision un cachet sûr. C'est au Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi que le jeune comédien du Théâtre régional de Skikda à présenté dimanche dernier son monologue face à un public restreint (c'est le premier jour de la semaine, donc cela se comprend). Dans son rôle de jeune chômeur, ce dernier a usé de tous les clichés de la société. Des répliques mâchées et remâchées par ses aînés. Il entame son spectacle en abordant le thème du chômage et la difficulté qu'ont les jeunes à se dénicher un job. Plusieurs sujets surgissent, à l'image de la corruption qui s'est libérée de son statut de tabou. Son personnage est très mal ficelé, le comédien lui-même se perd et improvise. Il s'attaquera par la suite au sujet du mariage avec la fameuse histoire du jeune chômeur qui va demander la main de sa belle. Il sera chassé par le père d'Amel, la fille de ses rêves. Mais Madani est loin de se laisser abattre par un refus. Il fera une seconde tentative, déguisé en Algérois. Plus précisément, il parodie les habitants des quartiers populaires et leur langage comme «ya khou» et «ya âmou». L'exagération est exaspérante et ne fait rire personne. Il sera chassé une seconde fois pour revenir pour une ultime troisième tentative. Déguisé en tenue traditionnelle «gandoura», il jouera le rôle d'un pieux musulman qui s'exprime en arabe classique. Une manière très maladroite de donner l'image d'un jeune homme honnête. Un troisième refus le dissuadera du mariage. Après ce deuxième sujet très plat et mal servi, le personnage de Madani parle du logement… une autre averse de clichés. On notera quand même la qualité du jeu du comédien qui s'est débrouillé comme il le pouvait avec un texte médiocre. En fait, l'auteur avait bien amorcé le monologue, c'est au milieu et vers la fin que le spectateur commence à sentir le vide et l'absence de trame. D'idée en idée, sans transition, le comédien semblé livré à lui-même sans l'œil du metteur en scène. L'accompagnement musical de la pièce n'a fait que la rendre encore moins crédible avec la musique de la bande originale de Mortel combat. Quant à la scénographie, elle a été réduite à trois marches d'escalier et un téléphone fixe. Les rires des spectateurs semblaient forcés. En outre, on notera que le TNA a failli à sa tâche, celle de diffuser l'information. L'absence de photographies à l'entrée et d'information sur le monologue a beaucoup déplu aux visiteurs.