L'épilogue dramatique de l'angélique Nihal Si- Mohand a révélé l'ampleur du phénomène des kidnappings. Outre le déploiement du dispositif impressionnant de la gendarmerie, la formidable mobilisation populaire renseigne sur l'urgence d'une riposte adéquate et efficace pour l'éradication de la délinquance et de la criminalité, attestées par les tentatives de rapt d'un quinquagénaire et d'une jeune fille de 23 ans, à Aïn Benian et Bouchaoui. La mise en échec de ces tentatives a été grandement favorisée par le recours au numéro vert. Tout comme dans la daïra d'Aïn El Hammam, l'intervention des citoyens, alertés par les cris de la mère d'une fillette, a provoqué la fuite des criminels. Cette lutte sans merci s'appuie également sur le dispositif national d'alerte baptisé « Alerte rapt-disparition d'enfants », aussitôt déclenché au moindre signalement dans n'importe quelle wilaya. Dans une instruction adressée à plusieurs ministères, aux corps de sécurité et aux organismes publics, le Premier ministre a détaillé les missions dévolues à chaque partie concernée, appelée, en conséquence, à « veiller à mettre en place ledit plan d'alerte, avec la célérité et la rigueur exigées par l'importance de cette question, de concert avec les instances judiciaires concernées ». Le plan d'alerte, élaboré par un groupe de travail multisectoriel placé sous l'égide du ministère de la Justice, conformément aux instructions du Premier ministre, charge effectivement, « sous la direction du procureur de la République de céans, tous les organismes publics concernés (médias publics dans leur ensemble, supports publicitaires, opérateurs de téléphonie mobile, ports, aéroports, gares...) de relayer l'alerte dans une synergie préétablie, à l'effet de concourir à retrouver l'enfant en danger dans les meilleurs délais ». La fin du cauchemar qui hante la famille algérienne est l'affaire de tous. Par-delà l'approche sécuritaire déterminante en amont, le devoir de vigilance de tous les acteurs, associant les associations, notamment de quartier, et les familles, est vital en aval. Et, comme l'a clairement montré le cas tragique de Nihal, le devoir d'information, ancré dans le professionnalisme et la déontologie dans le traitement de cette question sensible, reste de la plus haute importance. Face aux dérives des médias du sensationnalisme, l'Arav a tiré la sonnette d'alarme sur le traitement médiatique, tenu de faire « preuve de vigilance extrême dans la diffusion des commentaires et des faits dans tout ce qui touche à cette douloureuse affaire, encore du domaine de l'enquête judiciaire ». Elle a regretté que « certaines chaînes soient allées au-delà du droit d'informer en diffusant des informations approximatives ou erronées, causant ainsi un lourd préjudice aux familles déjà très douloureusement affectées ». Vigilance et engagement donc à tous les niveaux.