Le célèbre grand maître cubain, Jose Raoul Capablanca (1888-1942), restera jusqu'à la nuit des temps comme le plus grand génie de l'humanité, dans le sens que c'est son adversaire le plus redouté, le Français d'origine russe, Alexandre Alekhine, qui lui a ravi le titre suprême qui l'affirme : « Je n'avais jamais vu auparavant un joueur d'échecs avoir une connaissance du jeu comme Capablanca. Il était un génie des échecs. » Partant de ce constat, Alekhine n'accordera jamais, au grand jamais, un match revanche à un tel génie qui s'est retrouvé dans le rôle de challenger ! » Si sur le plan sportif et éthique, Alekhine n'avait certainement pas raison, toujours est-il que sur le plan de la raison, Alekhine n'avait pas tort. Car aucun être humain n'aurait résisté au lion-génie Capablanca blessé mais au fait de toutes ses forces. Conséquence de ce refus, les deux grands génies ne s'adressèrent plus la parole jusqu'à leur disparition ! Véritable machine à jouer aux échecs, Capablanca perdait rarement ses parties (il fut invaincu entre 1917 et 1923) et fut champion du monde des échecs de 1921 à 1927. Capablanca fut un enfant prodige qui découvrit le jeu d'échecs à quatre ans en assimilant les règles à l'âge de quatre ans en observant son père jouer avec des amis. Dès ses jeunes années, sa force au jeu était devenue remarquable ; à l'âge de treize ans, il remporte un match contre le champion de Cuba Juan Corzo et en 1921, il gagna le Championnat du monde contre Emanuel Lasker. Pendant six ans, il ne perdit que quatre parties sur environ deux cents. Son style de jeu positionnel et sa technique de fin de partie en ont fait un joueur redouté, qui commettait très peu d'erreurs, ce qui faisait sa force. Son style est clair comme le diamant, limpide comme l'eau de roche et simple et précis comme le mouvement du pendule. Il n'avait, disait-il, jamais ouvert de livres d'échecs, mais il possédait un sens inné des positions. Ses fins de parties étaient de véritables chefs-d'œuvre. Au contraire du jeu de l'époque qui consistait en des sacrifices et des combinaisons complexes, il privilégiait une stratégie d'avancée lente et d'usure, attendant la faute de l'adversaire, rendue alors inévitable par le manque de bons coups à jouer, son opposant étant alors en zugzwang, forcé de jouer des coups qui le menaient inexorablement vers la défaite. Son prédécesseur, Emanuel Lasker, disait : « J'ai connu de nombreux joueurs d'échecs mais seulement un génie : Capablanca. » Tandis que Boris Spassky, 10e champion du monde, rappelle souvent : « Capablanca est le plus grand joueur d'échecs de tous les temps. » Enfin, Anatoly Karpov, un disciple de Capablanca sur le plan de l'approche du jeu, ne tarit pas d'éloges : « Il est difficile de comparer les époques, mais sa fascinante intuition qui lui permettait de découvrir, parfois avec une grande facilité, les conceptions stratégiques les plus complexes, ainsi que leurs solutions font que Capablanca est le plus grand talent des échecs. » nPartie n° 1 Capablanca Jose Raul Raubitschek Rudolf New York 1906 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fb5 Cf6 4.0–0 Cxe4 5.d4 d5 6.Cxe5 Fd7 7.Cxd7 Dxd7 8.Cc3 f5 9.Cxe4 fxe4 10.c4 0–0–0 11.Fg5 Fe7 12.Fxe7 Dxe7 13.Fxc6 bxc6 14.c5 Df6 15.Da4 Rb8 16.Tac1 Ra8 17.b4 Tb8 18.a3 The8 19.Da6 Te6 20.a4 Dxd4 21.b5 Df6 22.Tc2 cxb5 23.c6 b4 24.Tc5 Dd4 25.Tb5 Tee8 26.Tb7 Dc5 27.h3 d4 28.Rh2 d3 29.Tc1 Dxf2 30.Tf1 Dd4 31.Tf5 e3 Diagramme n° 1 Le roi noir était pourtant bien entouré ! 32.Txa7+ !! Dxa7 33.Ta5 Dxa6 34.Txa6mat 1–0 nPartie n° 2 Blancs : Capablanca Jose Raul Noirs : Jaffe Charles New York 1910 1.d4 d5 2.Cf3 Cf6 3.e3 c6 4.c4 e6 5.Cc3 Cbd7 6.Fd3 Fd6 7.0–0 0–0 8.e4 dxe4 9.Cxe4 Cxe4 10.Fxe4 Cf6 11.Fc2 h6 ?! 12.b3 b6 13.Fb2 Fb7 14.Dd3 g6 ?! 15. Tae1 Ch5 ? 16.Fc1 Rg7 Diagramme n° 2 Une attaque limpide 17.Txe6 ! Cf6 18.Ce5 c5 19.Fxh6+ ! Rxh6 20.Cxf7+ [20.Cxf7+ Txf7 21.Dxg6mat] 1–0 nPartie n° 3 Blancs Nimzowitsch Aaron Noirs : Capablanca Jose Raul St Petersburg 1914 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Cc3 Cf6 4.Fb5 d6 5.d4 Fd7 6.Fxc6 Fxc6 7.Dd3 7...exd4 8.Cxd4 g6 ?! 9. Cxc6 ?! : 10...h6 (10...0–0 ? : 11.Cxc6 bxc6 12.e5 ! dxe5 13.Dxd8 (13.Df3 De7 14.Ce4 ) 13...Taxd8 14.Txd8 Txd8 15.Ce4 !) 11. Fh4 0–0 12.f4 Te8 13.The1 ( : 13.Cxc6 bxc6 14.e5 dxe5 15.Dxd8 Texd8 16.Txd8+ Txd8 17.fxe5) 9...bxc6 10.Da6 Dd7 10...c5 ? 11.Dc6+ Cd7 12.Fg5 ! 12...Fe7 13.Fxe7 Rxe7 14.Cd5+ Rf8 15.Cxc7 Tc8 16.Dxd6+ Rg7 17.Cd5 11. Db7 Tc8 12.Dxa7 Fg7 13.0–0 0–014.Da6 Tfe8 15.Dd3 De6 ! 16.f3 Cd7 17.Fd2 ? 17.Ff4 Ce5 18.Fxe5 Fxe5 19.Tab1 17...Ce5 18.De2 Cc4 19.Tab1 Ta8 20.a4 ? 20.b3 Cxd2 21.Dxd2 Ta3 ! 22...£e5 21...De5 ? 22.Ca4) ; 20...d5 ! 21.b3 Cd6 22.a4 f5 20...Cxd2 21.Dxd2 Dc4 ! 22.Tfd1 22.Ce2 Txa4 23.b3 Dc5+ 24.Rh1 Ta2 25.Tbc1 Diagramme n° 3 La bataille commence par la conquête de l'aile dame 22...Teb8 ! 23.De3 ? 23.Dd3 Dc5+ 24.Rh1 Tb4 25.Ce2 23...Tb4 ! 24.Dg5 24.Dd3 24...Dc5+ 25.Rh1 Tab8 24...Fd4+ 25.Rh1 Tab8 26.Txd4 Dxd427.Td1 Dc4 28.h4 Txb2 29.Dd2 Dc5 30.Te1 ? Dh5 ! 31.Ta1 [31.Df2 Txc2 !] 31...Dxh4+ 32.Rg1 Dh5 33.a5 Ta8 34.a6 Dc5+ 35.Rh1 Dc4 36.a7 Dc5 37.e5 Dxe5 38.Ta4 Dh5+ 39.Rg1 Dc5+ 40.Rh2 d5 ! [40...Txa7 41.Ce4 Txc2 ! 41...De5+ 42.f4 De743.Txa7 Dh4+ 44.Rg1 Tb1+ 45.Dd1 Txd1mat) 42.Dh6 (42.Cxc5 Txd2 43.Txa7 dxc5 44.Txc7 Td6) 42...De5+ 43.f4 Txa4 ! 44.fxe5 Txe4