17.616 ressortissants nigériens illégaux (plus de 8.998 hommes, plus de 2.000 femmes et 5.600 enfants) ont été rapatriés, ces deux dernières années, vers leur pays d'origine à la demande des autorités de leur pays, a indiqué Noureddine Bedoui, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, jeudi dernier, au Conseil de la nation. D'autres opérations de rapatriement volontaire sont en cours d'exécution et concernent notamment 502 Tchadiens, 550 Maliens et 149 Sénégalais, a-t-il ajouté, lors de sa réponse à une question d'un sénateur sur les récents affrontements survenus à Béchar. Le ministre a précisé que le plan de travail de la commission interministérielle sur le flux migratoire des ressortissants africains et des pays du Sahel vers l'Algérie sera exposé, prochainement, au gouvernement. Installée par le Premier ministre et présidée par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, cette commission est chargée de « coordonner et de suivre l'évolution de ce phénomène » ainsi que de « proposer des solutions à mettre en œuvre sur le terrain », a expliqué le ministre. En rappelant que ces ressortissants ont été accueillis en Algérie, qui leur a assuré une prise en charge à tous les niveaux (solidarité, sanitaire, accompagnement, etc.), conformément aux instructions du président Bouteflika, le ministre a indiqué que le règlement de cette question nécessite « une coopération régionale », voire même internationale. « L'immigration clandestine est devenue une grande préoccupation dont le traitement n'est pas du ressort exclusif de l'Algérie. Ce fléau nécessite la réunion des efforts internationaux et régionaux pour mettre en exécution des mécanismes susceptibles de trouver des solutions radicales à travers des politiques de développement et non d'attribution des aides provisoires qui ne changent en rien la situation », a-t-il expliqué. Trafic d'enfants et de femmes Il a regretté, cependant, « les mauvaises intentions » de certains migrants à l'origine de la constitution de réseaux de trafic d'enfants et de femmes. « Il y a quelques semaines, des réseaux ont été appréhendés à Tamanrasset pour trafic de mineurs algériens et d'autres nationalités », a-t-il indiqué. La présence de ces « réseaux mafieux » fait donc que la question de l'immigration est « un phénomène dangereux » et « très complexe », nécessitant « une intervention à tous les niveaux dans le cadre d'une coordination régionale et internationale », a souligné Bedoui. L'Algérie œuvre, dans le cadre des lois internationales, à lutter contre toutes les formes de criminalité et par tous les moyens dont elle dispose en coordination avec les autorités des pays voisins. L'arrivée de ces migrants a favorisé la propagation de certains fléaux sociaux et des pratiques illégales qui ont porté atteinte à l'ordre public et à la sérénité locale. Pour mettre un terme à cela, des instructions ont été données aux walis pour « le suivi régulier de ce dossier et la prise de toutes les mesures pour sanctionner les auteurs de pratiques illégales ou ceux à l'origine de troubles ou d'affrontements avec la population locale », comme ce fut le cas à Béchar, a souligné le ministre. Des instructions ont été données aux corps de sécurité afin de « mettre un terme à ces fléaux, notamment dans les villes frontalières ». A ce propos, Bedoui a soutenu que l'Algérie enregistre un grand flux de migrants illégaux, provenant des pays africains, notamment du Sahel, et moins des pays anglophones. La situation d'instabilité vécue dans ces pays a largement contribué à l'ampleur de ce phénomène. L'Algérie a mis en place plusieurs mesures pour faire face à ce phénomène à travers « la protection du territoire national et de la santé des citoyens ». Cela s'est concrétisé à travers « la mise en place de scanners détecteurs de toutes les maladies transmissibles ou celles qui peuvent constituer une menace sur la santé publique », a-t-il ajouté. « En Algérie, l'immigration clandestine a bénéficié d'un traitement répondant aux traités et conventions internationaux, notamment en ce qui concerne la préservation de la dignité humaine et de l'intégrité physique et morale », a-t-il souligné. Actuellement, des travaux sont en cours au niveau international pour mettre en exécution des politiques publiques susceptibles d'apporter des résultats probants et durables pour nous et pour les pays voisins. Il est question de déployer d'importants moyens, notamment dans les villes frontalières du Mali et du Niger, lieux de passage d'un grand nombre de migrants. Concernant les locaux commerciaux occupés par ces Subsahariens, le ministre a affirmé qu'ils vont être récupérés par les APC en vue de leur exploitation en fonction de la nouvelle vision économique et commerciale du gouvernement. Il a relevé que ces « locaux sont attribués mais ne sont pas exploités » et qu'un délai d'un an a été donné aux communes pour clôturer la récupération de ces milliers de locaux commerciaux réalisés par l'Etat. « Les APC vont les prendre en charge. S'ils ne sont pas exploitables au plan économique, ces locaux seront orientés vers d'autres fonctions », a-t-il dit.