Dans un nouveau rapport, l'organisation onusienne estime qu'il existe « des preuves croissantes » que l'imposition de taxes sur les boissons sucrées « conduirait à une réduction proportionnelle de la consommation ». Une augmentation de 20% des prix de ces boissons entraînerait une réduction de la consommation de 20 % et une augmentation de 50 % réduirait la consommation de moitié, selon l'OMS. « Si les gouvernements imposent une taxe sur des produits comme les boissons sucrées, cela réduira les pathologies et sauvera des vies », a affirmé Douglas Bettcher, qui dirige le département prévention des maladies non transmissibles à l'OMS. Ainsi, au Mexique, qui a imposé en 2014 une taxe sur les boissons sucrées, provoquant une hausse de 10% de leur prix, la consommation a été réduite de 6%. « Les politiques fiscales devraient viser les aliments et les boissons pour lesquels des solutions plus saines existent », indique le rapport. L'OMS a depuis longtemps estimé que les sucres devaient constituer moins de 10 % de la consommation énergétique quotidienne d'une personne et appelle les pays à réduire de moitié ce taux, soit 5 %. Cela représenterait 25 g ou l'équivalent de six cuillères à café de sucre par jour, alors qu'une canette de boisson gazeuse représente 10 cuillères à café de sucre. Le rapport a également estimé que des subventions des fruits et légumes pour en réduire les prix entre 10 et 30 % seraient également tout aussi efficaces dans l'amélioration des habitudes alimentaires. La taxe n'est pas une solution, selon l'APAB Contacté par nos soins, le président de l'Association des producteurs algériens de boissons (APAB), Ali Hamani, en réaction à l'appel lancé par l'organisation onusienne, estime qu'« il est faux de tenter de résoudre ce problème pas l'imposition de taxes, c'est une solution de facilité ». Et pourquoi taxer uniquement les boissons gazeuses ?, se demande-t-il, sachant que beaucoup de produits alimentaires contiennent autant de sucre que les boissons gazeuses en citant l'exemple du ketchup et du chocolat. « L'idée d'imposer une taxe ne rime à rien et ne règle pas le problème, certains pays l'ont essayé et n'ont pas réussi », dit-il. Selon lui, la taxation des boissons se répercutera automatiquement sur les prix de vente, et cela ne va pas empêcher les Algériens de consommer des produits auxquels ils se sont habitués. Le représentant de l'APAB préconise plutôt une approche sociale d'information et de sensibilisation qui regrouperait tous les acteurs pour trouver une plateforme en vue de diminuer le taux de sucre dans tous les produits alimentaires. « Il faut une stratégie qui doit engager toutes les parties concernées, l'Etat, les producteurs, le mouvement associatif représentant les consommateurs », a-t-il expliqué. Le plus important est d'amener les consommateurs à changer leurs habitudes alimentaires en réduisant au fur et à mesure le taux de sucre dans ces produits sans qu'ils se rendent compte, dit-il, précisant qu'il faut prendre le temps nécessaire, soit une période de 5 ou 6 ans. Quant à la substitution du sucre par des édulcorants, il affirmera que le débat est toujours ouvert sur ce sujet et que les scientifiques étudient la question. L'adoption d'une politique de prévention en Algérie est plus que jamais d'actualité, c'est ce que vise justement le Plan national (2015-2019) de prévention des maladies non transmissibles qui repose sur une résolution de l'OMS. Un comité multisectoriel regroupant cinq associations de protection du consommateur a été mis en place, en février 2015, dont la mission est la promotion d'une alimentation saine en plus de l'encouragement de l'activité physique. Le but étant aussi « d'améliorer la communication avec la population en vue d'impulser une éducation nutritionnelle », a indiqué le Dr Djamila Nedhir du ministère de la Santé lors d'une rencontre organisée dernièrement par le ministère du Commerce sur la nécessité de réduire le taux de sucre et de sel dans l'alimentation.