Une seule personne a été auditionnée pour l'instant, en qualité de témoin, sur les circonstances de l'incident, a-t-on appris de source sécuritaire. Les éléments de la sûreté de la daïra de Draria avaient déjà procédé à la constatation des faits, juste après l'effondrement. Les investigations toucheront les bureaux d'études, le maître d'ouvrage et les promoteurs. Outre le retrait de l'agrément au promoteur, le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville a décidé de lancer une étude pour le confortement des autres immeubles du même projet appartenant au même promoteur, en l'occurrence Mohamed Sahraoui, également président de l'Organisation nationale des promoteurs immobiliers. Vendredi dernier, un bloc de studio situé derrière le bâtiment 33 à la cité Sahraoui Urba 2000 à El Achour s'est effondré. Fort heureusement, aucune perte humaine n'a été enregistrée. Selon l'enquête menée par une commission ministérielle mise en place par Abdelmadjid Tebboune, le promoteur Mohamed Sahraoui aurait défié la loi. « Il avait refusé de se conformer aux nombreuses mises en demeure qui lui ont été adressées depuis 2014 par les services techniques de la commune d'El Achour, après lui avoir adressé trois procès-verbaux de contravention ». Ainsi, le promoteur a poursuivi les travaux « jusqu'au jour de la catastrophe », a rapporté le ministère de l'Habitat dans un communiqué, malgré la décision d'arrêt des travaux rendue le 6 septembre dernier. L'enquête a révélé également qu'Immo Hat a mis en garde dans une requête aux services techniques de la commune contre les risques découlant des travaux engagés, sans permis de construire, sur le projet mitoyen relevant de Sopiref. Les services du Centre technique de la construction ont émis des réserves mais elles n'ont pas été prises en compte. La commission d'enquête, mise en place, s'est déplacée sur le lieu du sinistre où elle s'est enquise du dossier administratif et technique de la société de promotion immobilière (Sopiref) et d'un projet immobilier jouxtant l'immeuble qui s'est effondré, relevant de la promotion Immo Hat. Le P/APC d'El Achour : « Cette affaire nous dépasse » Des mises en demeure ont été adressées au promoteur sans que la force publique procède à la démolition de la bâtisse. Pourquoi les services concernés n'ont pas réagi pour arrêter les travaux après le refus du promoteur d'obtempérer ? Contacté, le P/APC d'El Achour, Dahmane Sellini, a déclaré que « cette affaire le dépasse. Elle est très compliquée » et nous a orientés vers la commission ministérielle, tout en confirmant que le promoteur « était en infraction ». Et qu'il n'a pas répondu aux mises en demeure. La police de l'urbanisme est « un exécutant » La police de l'urbanisme et de la protection de l'environnement, quant à elle, a des missions bien précises. « Elle constate les infractions à l'urbanisme et à l'environnement, mais l'intervention est soumise à une procédure en coordination avec les services techniques de la commune. « Le permis de construction est délivré par l'APC. Il s'agit d'une procédure bien définie par la réglementation qui ne concerne pas la police. Nous assistons certes les opérations de démolition sur perquisition du P/APC », a tenu à préciser le chef de la cellule de communication à la DGSN, le commissaire principal Amar Laroum. Qu'est-ce qui s'est réellement passé ? Le président du bureau d'Alger de l'Ordre des architectes, Mustapha Maâzouz, a expliqué, dans un entretien téléphonique, que selon la vidéo publiée sur les réseaux sociaux, « la bâtisse en construction s'est renversée sur 7 à 8 m. Elle était construite sur une plateforme avec des façades aveugles. Elle était également construite à l'intérieur. Mais des travaux de terrassement ont touché à la fondation et c'est un miracle si la bâtisse ne s'est pas effondrée ». S'agit-il d'un premier incident dans les annales des promoteurs immobiliers ? Mustapha Maâzouz a soutenu que plusieurs constructions de particuliers se sont effondrées et des affaires sont arrivées même aux tribunaux, mais cette bâtisse appartient à un promoteur très connu, qui construit également un hôtel à Ben Aknoun. « L'affaire a été médiatisée vu le statut du promoteur », a-t-il indiqué. Par ailleurs, le président de l'Ordre des architectes a soutenu que les premières mesu-res doivent constituer en la clôture du chantier, la suspension du permis de construction et l'établissement d'un rapport suite au diagnostic. « C'est sur la base des résultats qu'on pourra situer les responsabilités », exlique-t-il. Le responsable a salué la réaction rapide des autorités, « vu qu'il s'agit de la préservation de vies humaines », a-t-il fait savoir. Par ailleurs, toutes nos tentatives de joindre le promoteur Mohamed Sahraoui ou son organisation étaient vaines. Un proche de la famille Sahraoui a tenu à préciser qu'il est malade et que « les travaux de terrassement ont été menés par un autre promoteur ». Il est à signaler que Mohamed Sahraoui est un architecte. Il a été désigné en 1972 architecte en chef chargé de la restauration des monuments historiques au ministère de la Culture. Le projet Urba 2000 d'El Achour a été lancé en 1998. Une bâtisse construite par le même promoteur a fait l'objet d'un effondrement partiel en 2008. Il s'agit de l'immeuble « La Parisienne », à Alger. Le promoteur avait expliqué à l'époque que les fortes pluies ayant fragilisé tout l'immeuble ont provoqué l'écroulement d'une partie d'un plancher complètement vétuste. Les promoteurs immobiliers sont passés sous la loupe du ministère de l'Habitat, qui a entamé une vaste enquête sur la conformité des projets de construction.