Mohamed-Larbi Ould-Khelifa, président de l'Assemblée populaire nationale (APN), a donné le ton par un discours d'apaisement dans lequel il a rassuré que le projet de loi de finances 2017 s'inscrit dans le cadre d'une vision « prospective », devant permettre au pays de consolider son nouveau mode économique. Objectif : passer à une restructuration économique diversifiée sans pour autant renoncer « au caractère social de l'Etat ». Il a néanmoins reconnu que ce projet intervient dans une conjoncture « instable et floue », notamment avec la faible croissance économique et la prolifération de la menace terroriste à l'échelle internationale. D'où le besoin de se mobiliser davantage pour mieux « immuniser la souveraineté nationale et renforcer la cohésion sociale et politique ». En dépit de toutes ces « variantes négatives », Ould-Khelifa soutient que « l'Algérie jouit de nombreux atouts grâce aux choix judicieux opérés par le président de la République ». Il a rappelé le remboursement anticipé de la dette et la constitution d'une épargne nationale susceptible de maintenir l'équilibre des réserves de change. Au plan politique, le président de l'APN a rappelé également que le chef de l'Etat a fait de l'Algérie un vrai havre de paix et de stabilité grâce à la maturation de sa démocratie. Concernant le projet en question, il a affirmé qu'il a pour essence la consécration des conditions d'épanouissement économique et de stabilité financière, loin de l'endettement extérieur. La maîtrise du niveau d'inflation, le soutien au pouvoir d'achat, la facilitation des investissements hors hydrocarbures et la poursuite des projets de base sont autant de principes contenus dans ce projet soumis à l'appréciation de nombreux experts et partenaires économiques, déclare Ould-Khelifa, incitant la commission des finances a faire preuve de responsabilité en termes de traitement du texte, intérêt national oblige. Hadji Baba Ammi, ministre des Finances, s'est contenté dans sa déclaration de saluer cette initiative, première du genre. Ce qui prouve, selon lui, que la Chambre basse accorde une grande importance à ce texte devant « servir au mieux l'intérêt général du pays ». Approché en marge de cette rencontre pour de plus amples informations sur ce projet de loi, quelques instants avant la poursuite des travaux à huis clos, le ministre a refusé toute déclaration sous prétexte « que la priorité est au Parlement ». « Mettre de côté le populisme » Mahdjoub Bedda, président de la commission parlementaire des finances, insiste pour dire que ce texte ne renferme aucunement de « grands changements » par rapport à la loi précédente. « Le même budget a été maintenu. La fiscalité pétrolière est de 30% et la fiscalité ordinaire de 70%. Les subventions n'ont pas connu une importante baisse. Des augmentations ont été décidées uniquement pour les produits énergétiques et le tabac. La TVA passera de 17 à 19% pour le taux plein et de 7 à 9% pour le taux réduit », indique-t-il en faisant remarquer qu'il ne faut pas perdre de vue que ce texte intervient dans une conjoncture difficile. D'où l'élaboration d'une stratégie gouvernementale compatible avec cette nouvelle donne économique à travers cette loi de finances applicable à moyen terme sur une durée de trois années, dans le but de préserver les équilibres économiques du pays. Bedda a souligné que ce texte établi sur la base d'un baril à 50 dollars contient des mesures incitatives à l'investissement et à la promotion des sociétés de sous-traitance. Il confirme, encore une fois, qu'il s'agit d'un texte ordinaire comportant des dispositions qui s'imposent. L'Etat ne peut plus continuer à soutenir les produits énergétiques. « L'Etat n'a pas renoncé à sa politique de subvention au profit des franges vulnérables, et ce, sur instruction du chef de l'Etat », a-t-il précisé. Elle sera désormais « ciblée » avec l'aide d'un système informatique plus performant. L'Algérie sera-t-elle dans l'obligation de recourir à l'endettement extérieur ? Bedda a souligné qu'il ne faut pas faire dans l'anticipation, bien que le gouvernement ne le considère pas comme un sujet tabou. « L'endettement pour des motifs d'investissements est possible. Cela se fait dans d'autres pays. Mais dans le domaine social, l'Etat n'a pas besoin de dettes en ce moment », précise Bedda. Il ajoutera que le gel concerne les projets qui n'ont pas encore démarré. La commission envisage d'auditionner des experts économiques, le gouverneur de la Banque d'Algérie et le président de l'Abef.