Les chiites, écartés de la bataille de Mossoul lancée il y a près de deux semaines, sont passés à l'action. Au deuxième jour de l'offensive, des combattants des Unités de la mobilisation populaire (Hachd al-chaabi) ont réalisé une avancée certaine. De nouveaux villages ont été conquis. Objectif final : la libération de Tal Afar, une ville du nord-ouest de l'Irak majoritairement peuplée de musulmans chiites. Un nouveau front où les forces terrestres irakiennes ne sont pas déployées est ainsi ouvert dans la bataille pour Mossoul. « L'opération vise à couper le ravitaillement de Mossoul depuis Raqqa afin de resserrer le siège de Mossoul », a déclaré le porte-parole des milices du Hachd al-chaâbi, Ahmed al-Assadi. Outre le bastion de Tal Afar, les villes de Tal Abta et Hatra, à proximité desquelles se trouve un site archéologique inscrit au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco, mais déjà vandalisé par le groupe terroriste Daech, sont dans la ligne de mire de la coalition chiite. Mais cette participation a ravivé les vieilles tensions communautaires. Et, même si les chiites ont rassuré sur leur volonté de ne pas entrer à Mossoul, les rancœurs alimentées par les représailles subies par les sunnites restent vivaces. Dans la région, la Turquie qui s'est invitée à la bataille de Mossoul, malgré le refus de Baghdad, n'entend pas rester les bras croisés. Elle a émis des mises en garde en invoquant la sécurité des populations turkmènes. « Si jamais les Hachd al-chaâbi sèment la terreur là-bas, alors notre réponse sera différente », a .prévenu le président turc Recep Tayyip Erdogan, selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu. Pris en tenaille, Daech est laminé également au front sud où les forces fédérales ont repris samedi dernier la localité d'Al-Choura totalement libérée. Quelques heures après l'annonce d'une « pause », destinée à consolider les gains obtenus depuis le début de leur offensive, les opérations militaires ont relancé pour mettre en déroute Daech contraint pour sa survie de recourir à la diversion, comme ce fut le cas à Kirkouk, ou aux attentats aux camions piégés à Ramadi et à Baghdad endeuillée par une nouvelle attaque kamikaze ciblant des chiites (4 morts) en pleine procession en direction de la ville sainte de Kerbala. Une nouvelle méthode de la terreur se met en place. Il s'agit, selon le haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, d'une « stratégie dépravée et lâche consistant à essayer d'utiliser la présence des civils pour mettre des zones ou des combattants à l'abri des opérations militaires ». La population en fait les frais. A Mossoul, l'Onu a dénoncé le massacre cette semaine de plus de 250 personnes par les hordes de Daech. Erigées en « boucliers humains », près de 8.000 familles de la cité des rives du Tigre ont été enlevées. Plus de 17.500 personnes ont été déplacées depuis le début de l'offensive, selon l'Organisation internationale pour les migrations. L'ONU a également prévenu que près de un million de personnes pourraient être forcées de quitter leurs foyers, provoquant une situation d'urgence humanitaire.