Le coup d'envoi de la 22e conférence internationale sur le climat (COP22) a été donné, hier, à Marrakech, pour passer à la vitesse supérieure dans la mise en œuvre du consensus mondial sur la limitation du réchauffement climatique arraché de haute lutte à Paris. Cet acquis inestimable est toutefois suspendu à l'issue de la course serrée vers la Maison Blanche qui rendra son verdict le lendemain même des assises. Si le candidat républicain Donald Trump n'a jamais fait mystère de sa détermination de s'attaquer à l'accord, la favorite démocrate, rassurée par le dénouement heureux de l'affaire des e-mails, n'a pas pour autant lever tous les doutes sur ce thème ignoré de la campagne. Elle entend tout au plus, écrit-elle sur son site de campagne, « prendre à bras le corps la menace du changement climatique et faire de l'Amérique la plus grande superpuissance en matière d'énergies renouvelables » en réduisant de 80% les émissions de gaz à effet de serre du pays d'ici 2050 par rapport à 2005. Face au dilemme du deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre , la secrétaire exécutive de la Convention-cadre de l'ONU sur le changement climatique, la Mexicaine Patricia Espinosa, privilégie la carte du partenariat avec « le ou la futur(e) président(e) ». Les Etats-Unis, sources du réchauffement, « sont l'un de nos partenaires les plus importants, leur participation à cet accord est cruciale ». A Marrakech, l'enjeu porte sur la concrétisation de l'accord de Paris, adopté en décembre 2015, signé par 192 Etats et ratifié par 100 pays. La COP22, conçue comme « une COP pour l'application et l'action », selon le négociateur américain Jonathan Pershing, se doit donc de poser les règles et les principes de mise en œuvre de la feuille de route de Paris pour traduire dans les faits l'objectif collectif (ne pas dépasser +2%C de réchauffement) et les promesses de financement des politiques climatiques des pays du Sud et de « compensations pour les pauvres touchés par les impacts climatiques, sécheresses, inondations et autres tempêtes. Il s'agit, parallèlement au bilan global des engagements nationaux, de trouver un accord d'ici à 2018 sur toutes ces questions. « La grande bataille des deux ans à venir porte sur la manière dont nous pourrons amener les pays à accentuer leur ambition », estime la négociatrice française Laurence Tubiana. Il est temps de sauver la planète menacée de disparition. « Si nous ne commençons pas à prendre des mesures supplémentaires dès maintenant, nous finirons par pleurer devant une tragédie humaine évitable », a prévenu jeudi Erik Solheim, directeur du Programme des Nations unies pour l'environnement.