Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, 69 ans, a annoncé hier son départ du gouvernement pour prendre en mars la présidence du Conseil constitutionnel, ouvrant la voie à un remaniement gouvernemental en France. Parmi les noms évoqués pour lui succéder figurent ceux de Ségolène Royal, ex-compagne de François Hollande et ministre de l'Ecologie, Elisabeth Guigou, présidente de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, ex-Premier ministre, et Matthias Fekl, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur. Aux journalistes qui lui demandaient s'il s'agissait de sa dernière participation au Conseil des ministres hebdomadaire qui se tient habituellement le mercredi, Laurent Fabius a simplement répondu Oui. Dans la foulée, le gouvernement a confirmé que le président François Hollande avait annoncé le choix de ce ministre pour diriger pendant neuf ans le Conseil constitutionnel, un poste à pourvoir en mars. Le départ de Laurent Fabius des Affaires étrangères n'est pas une surprise. Son nom était cité régulièrement depuis fin 2015 pour prendre la présidence du Conseil constitutionnel. Le départ de Laurent Fabius marque le premier signal d'un remaniement attendu d'ici la fin de la semaine du gouvernement socialiste au pouvoir à Paris, que François Hollande prépare en vue de l'élection présidentielle de 2017. Dans la perspective de ce scrutin, le chef de l'Etat cherche à élargir sa majorité gouvernementale sans renier ses orientations libérales et sécuritaires, contestées à gauche. Nommé à la tête du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius ne quittera pas totalement le Quai d'Orsay, puisqu'il y gardera un bureau comme président de la COP21, chargé pour quelques mois encore de suivre les négociations climatiques sous l'égide de l'ONU. Au terme d'un accord mondial qui lui aura valu bien des louanges en décembre, l'ancien chef de la diplomatie française tient à garder cette fonction internationale bénévole, qui aura marqué sa riche carrière, jusqu'au passage de relais avec le Maroc en fin d'année. Il n'y a pas d'incompatibilité juridique ou dans le temps avec le Conseil constitutionnel, a-t-il redit mercredi à des journalistes. Je crois avoir acquis à travers la COP à Paris une certaine notoriété pour faire avancer les choses, le travail n'est pas fini. Je vois beaucoup de raisons de conserver la fonction, et aucune de ne pas le faire. M. Fabius n'était pas le plus convaincu quand l'Elysée, en quête d'un événement international, a présenté en 2013 la candidature de la France à la COP21. Mais il s'y est mis, mobilisant le vaste réseau diplomatique français. Ce pacte contre le réchauffement planétaire, qui réunit 195 pays, est le plus haut accord que nous pouvions espérer, disait-il récemment. Mais ce succès, il faut essayer de le transformer. Il reste beaucoup de travail, et 2016 sera l'année des +4 P+: la procédure de signature et ratification, les précisions à apporter à l'accord, la période pré-2020 (année d'entrée en vigueur de l'accord, ndlr) et la préparation de la COP22 de Marrakech en novembre, dit-il. Parmi les sujets à approfondir dès cette année, celui de la transparence des actions des Etats contre le réchauffement, notamment les mesures de réduction des gaz à effet de serre. La communauté internationale s'est engagée à contenir le réchauffement bien en deçà de 2°C par rapport à l'ère préindustrielle. En parallèle, 188 Etats ont présenté des programmes d'actions, mais à ce stade, la somme des promesses, si elles étaient tenues, mettrait la planète sur une trajectoire de +3°C, aux impacts dévastateurs. Dans cette mission, M. Fabius aura à ses côtés Laurence Tubiana, cheville ouvrière de la COP de Paris et chargée d'assurer son suivi. Elle joue un rôle important, a-t-il dit, précisant aussi qu'il aurait un bureau au Quai d'Orsay. L'ONU accueillera le 22 avril à New York une réunion au sommet pour lancer la signature formelle du texte.