Il a été à la mesure du big bang électoral, aux couleurs de la vague rouge, qui produit du plus grand effet la victoire incontestable de Donald Trump. La longue nuit électorale d'Hillary, par deux fois privée de son rêve de la Maison Blanche, vire au cauchemar. Le monde vacille. Sans expérience aucune, le 45e président des Etats-Unis exprime la montée en puissance de l'extrémisme dans les démocraties occidentales, bousculées par la crise financière et économique mondiale et confrontées à l'enracinement du populisme prônant un discours viscéralement anti-immigration et anti-mondialisation. Une marque indélébile : la large satisfaction de la présidente du Front national, Marine Le Pen, adressant sans attendre la confirmation de la victoire ses « félicitations au nouveau président des Etats-Unis Donald Trump et au peuple américain libre ». Plus rien ne semble arrêter la vague rouge qui s'aligne sur le camp du « Brexit puissance 3 » annoncé par Trump et signifiant la fin du libre-échange et de la mondialisation. « Je passe le relais à Donald Trump », a réagi sur Twitter l'ex-leader du parti Ukip, Nigel Farage, l'un des champions du Brexit. Le message est puissant pour s'occuper « d'abord » de l'Amérique en crise d'identité. « Je m'engage à être le Président de tous les Américains », a déclaré le nouveau président dont le discours de victoire conciliant appelle à « panser les plaies de la division » et à se remettre « immédiatement au travail ». Trump, qui affirme disposer d'un « bon programme », a promis le changement mené au pas de charge durant ses 100 premiers jours pour rendre « sa grandeur à l'Amérique » menacée par le boom commercial chinois, la déferlante des migrants mexicains, contenus le long d'un mur financé par Mexico, ou des musulmans interdits d'accès au territoire américain. Il se présente comme « le plus grand faiseur d'emplois que Dieu ait créé », en déclarant la guerre à l'Obamacare, la réforme de la santé du Président sortant, et l'accord de Paris sur le climat. Dans le monde, les chantiers du nouveau Président suscitent une vague d'inquiétudes, même si la main tendue de Trump à « tous les autres pays qui ont la volonté de s'entendre avec nous » se veut plus rassurante. Moscou, « prête à faire sa partie de chemin », espère une amélioration des relations dans une « situation critique », selon le président Vladimir Poutine qui l'a félicité, le jour même de l'annonce de sa victoire, mais, en Asie, en Europe et au Moyen-Orient, le pessimisme prévaut largement. Au premier rang, l'Iran a appelé au respect des accords internationaux conclus par les Etats-Unis, dénoncés par le candidat Trump. De son côté, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a vanté l'alliance qui unit les deux pays. « La stabilité de la région Asie-Pacifique, qui est la force vive de l'économie mondiale, apporte paix et prospérité aux Etats-Unis », a-t-il souligné. Le vent de pessimisme plane sur l'Europe dont « les liens UE-USA sont plus profonds que n'importe quel changement politique », s'est évertuée à faire remarquer la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. Sur la chaîne de télévision allemande ZDF, le président du Parlement européen, Martin Schulz, doute sur l'impact de la victoire de Trump qui « ne me réjouit pas » en plaidant pour une nouvelle chance. La locomotive européenne tance sur l'effet Trump annonciateur, selon le présidet français François Hollande, d'« une période d'incertitudes », et des temps « plus difficiles », a affirmé le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier. Fracture euro-atlantique ?