Deux commissions, l'une chargée de l'identification des personnes sans domicile fixe et l'autre chargée de leur suivi dans les structures spécialisées, leur prise en charge dans les hôpitaux, les centres d'accueil ou d'hébergement, seront installées prochainement. C'est ce qu'a annoncé Saïda Benhabylès, présidente du Croissant-Rouge algérien (CRA), lors d'une rencontre tenue hier au forum d'El Moudjahid. Selon la même responsable, un fichier technique sera établi pour définir les catégories nécessiteuses. Un fichier national des démunis sera ensuite élaboré. La démarche en question a été initiée, selon Benhabylès, conjointement avec le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs. Le CRA a pris l'initiative d'établir la liste des familles nécessiteuses à l'échelle de l'ensemble du territoire, y compris au niveau des villages enclavés, en s'appuyant sur la contribution des imams, des chouyoukh des zaouïas, des notables et des associations locales. Toutes les parties sont concernées par cet objectif qui repose sur la revalorisation de la solidarité nationale. Dans sa nouvelle stratégie, le CRA ne veut pas être une charge pour l'Etat, mais un complément des efforts consentis dans le domaine de la solidarité nationale. « Le CRA n'est plus dans cette logique d'attente des subventions de l'Etat », déclare la présidente du CRA. Le programme de ce dernier est de réinstaurer la culture de l'entraide « quelque peu négligée ». Une action humanitaire qui ne sollicite pas l'argent du contribuable, tel est le souci du Croissant-Rouge. « Notre réussite repose sur l'accomplissement de nos missions et la crédibilité du CRA », note la conférencière. Pour cela, elle se félicite des 20.000 bénévoles du CRA composés en majorité de jeunes et même de cadres fonctionnaires et de sportifs de renom devenus ambassadeurs de bonne volonté, tels Anthar Yahia, Taoufik Makhloufi et Medhi Lacen. Ils font la force et la richesse de ce pays. D'autres opérations seront lancées, dont la signature d'une convention avec le Forum des chefs d'entreprise pour l'octroi d'un centre qui servira de dépôt de 6.000 m2 implanté à Douéra. Cela permettra, explique Benhabylès, de mener des actions d'aide au profit des migrants, des réfugiés, des cancéreux et des gens en situation de détresse en général. Au sujet des restaurants de la Rahma, Benhabylès a rassuré qu'ils sont ouverts aux sans-abri, aux travailleurs de chantier qui vivent loin de leurs familles et aux migrants. Toutefois, elle condamne la distribution de repas chauds aux familles. « J'estime que c'est une atteinte à leur dignité », estime la conférencière. « La solidarité n'est pas la charité », précise-t-elle. « Toutes ces familles bénéficient de denrées alimentaires pour préparer dignement leurs repas à la maison, sans être à la merci des associations. » Raison pour laquelle elle veut substituer au couffin du Ramadhan une enveloppe financière en faveur de ceux qui en ont besoin. En ce qui concerne les migrants, Benhabylès a rappelé que 17.000 ressortissants nigériens ont été rapatriés sur demande de leur gouvernement et les opérations se sont déroulées dans de bonnes conditions. Ce qu'il faut retenir, précise la même responsable, c'est que la politique humanitaire de l'Algérie est un exemple à suivre. « En Algérie, les réfugiés ne sont pas marginalisés et ne sont pas confrontés à des comportements racistes. Ils ne sont ni exploités ni victimes d'esclavage », dit-elle. Quant à la scolarisation de leurs enfants, elle semble difficile, selon Benhabylès, en raison de la mobilité des familles subsahariennes qui refusent d'intégrer les centres qui leur sont réservés. Contrairement aux réfugiés syriens qui, eux, ne changent pas de lieu.