La majorité des interventions ont tourné autour du gel des projets locaux. Les députés des différents partis ont revendiqué lors de ce débat leur relance. Les députés des partis de l'opposition ont longuement évoqué le Fonds de régulation des recettes. « Les recettes sont estimées actuellement à moins de 100.9 milliards de dinars. Les ressources du Fonds de régulation des recettes seront totalement épuisées en 2018 », a indiqué le député du FFS, Noureddine Berkane. Il a également signalé que la baisse des dépenses d'équipement de 28 % dans le projet de loi est une menace pour la justice sociale. « Le gouvernement va-t-il procéder au licenciement des travailleurs de la Fonction publique ? C'est une décision très dangereuse pour un Etat social. Ce projet est antinational et antisocial », ajoute-t-il. Sa collègue de la même formation politique, Nadia Amroune, a traité des difficultés financières de la Caisse nationale des retraités (CNR). « L'Etat a procédé au retrait de 161 milliards de dinars des recettes de cette Caisse sans les rendre. Huit employés sur dix ne sont pas assurés et des étrangers bénéficient des pensions de la CNR », dit-elle. Et d'ajouter : « Ce projet a été élaboré sur la base des orientations des hommes d'affaires qui ne sont pas nationalistes. J'appelle à l'ouverture d'un dialogue pour sortir de cette crise. » Thamila Moussaoui du FFS a abondé dans le même sens : « Ce projet est élaboré dans un contexte politique et économique difficile. Le pays traverse une crise sur tous les plans. Il faut dire la vérité au peuple et éviter surtout l'exclusion. » La députée a plaidé pour la prise de mesures efficaces, notamment dans la lutte contre l'évasion fiscale qui constitue, selon elle, une menace pour la stabilité et un risque d'explosion sociale. « Le peuple n'hésitera pas à se sacrifier encore » Les députés du RND et FLN n'ont pas manqué de critiquer indirectement les partis de l'opposition qui tiennent un discours alarmiste. « Certes, le projet intervient dans un contexte économique particulier mais il faut éviter la manipulation médiatique et politique. Le peuple n'hésitera pas à se sacrifier encore. L'Etat a toujours fourni des efforts pour le bien-être de la population depuis 1962 », a dit le député du RND, Kada Jellid, qui a proposé de revoir les impôts à la hausse. Abdelkrim Zenati, député du parti, a déclaré que « le peuple est prêt à se sacrifier davantage si la hausse des impôts est justifiée » alors que Mohamed Kacem Laïd (RND) a rappelé que le dernier Conseil des ministres a maintenu la politique sociale envers les catégories fragiles. Les députés du FLN ont tenu à rassurer les citoyens. « La crise n'est pas grave et l'Algérie peut la dépasser. Les amendements sont logiques, sauf qu'il est proposé une hausse des taxes sur le tabac et l'alcool », a souligné Fatma-Zohra Ben Haddou. Les députées Farida Boudiaf et Fatma Zohra Atrous ont dénoncé les discours « pessimistes. « La crise des années 90 était plus grave en raison du plan d'ajustement du FMI. Ce qui n'est pas le cas maintenant », a-t-elle déclaré. Avant de s'interroger pourquoi fait-on peur au peuple. « La crise est mondiale, et le pire a été vécu dans les années 1990. » Les députés des partis de l'opposition ont abordé l'épuisement éventuel du Fonds de régulation des recettes budgétaires et ont averti contre le recours à l'endettement extérieur. Tahar Habchi de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) dira à l'adresse des députés du RND : « Nous n'avons aucun doute que le peuple algérien est capable de sortir de la crise, mais ce n'est pas logique qu'il assume les erreurs des gouvernements depuis 1998. Pourquoi la rente n'a-t-elle pas bénéficié aux Algériens ? » Avant de s'interroger sur le nombre d' entreprises créées et l'apport des investisseurs au Trésor public. Youcef Khababa du même parti politique a relevé l'absence d'un bilan annuel du gouvernement. « On parle d'un nouveau modèle économique, mais nous ignorons son contenu car le projet n'a pas été présenté aux représentants du peuple. Les syndicats ont été exclus de la tripartie et le gouvernement utilise l'APN comme pare-choc. » Said Janawi de l'AAV a proposé l'ouverture de banques islamiques pour encourager les investissements. Les représentants de ce parti ont critiqué le projet de LF 2017 élaboré sur la base d'un baril de pétrole à 50 dollars. Nacer Hamdadouche de l'AAV et Nora Mahiout du FFS ont mis en garde contre la réduction importante du budget d'équipement. « Plusieurs secteurs connaîtront en 2017 de sérieux problèmes, avertissent-ils, comme le secteur du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique et celui des infrastructures en général. » Le député de Fejr El Djadid », Lyès Boukhabza, a plaidé pour la mise en place d'un système juridique efficace pour lutter contre le marché informel, sinon « aucune loi de finances ne sortira l'Algérie de la crise ». Les débats se sont poursuivis hier jusqu'à une heure tardive.