En revanche, les présentatrices sont plus nombreuses que leurs collègues masculins. En outre, les femmes journalistes sont rarement visibles dans les domaines de la politique et de l'économie, considérés comme « sérieux ». Les médias continuent de véhiculer une image très négative des femmes, où l'on retrouve tous les grands préjugés misogynes classiques, la palme revenant à la rubrique des faits divers. C'est ce qui ressort d'un monitoring des médias réalisé, entre le 28 janvier et le 17 février 2015, par la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), en association avec l'ONG Mena Media Monitoring. Cette étude a été présentée, lundi dernier, lors d'une rencontre de sensibilisation à la question du genre en direction des professionnels des médias, organisée à Alger par le ministère de la Communication et ONU Femmes en Algérie. Elle a regroupé des journalistes femmes et hommes des différents médias, de l'audiovisuel, la presse écrite et la presse électronique. Des journalistes des radios locales, à savoir radios Tizi Ouzou, Boumerdès, Blida, Bouira, Médéa, ont pris part à cette formation animée par Farida Osmani, sociologue et enseignante aux universités d'Alger, de Montréal et Sherbrooke. La formatrice est également chargée de projets dans les milieux institutionnels et communautaires. La représentante du ministère de la Communication, Khadija Khelifi, a souligné que cette rencontre s'inscrit dans le cadre de la coopération entre le ministère de la Communication et ONU Femmes « Taf'Il », dont l'objectif est la promotion du métier du journalisme et l'amélioration du discours médiatique. Le ministre Hamid Grine a toujours mis en avant la formation du journaliste afin d'atteindre une presse professionnelle et crédible, a-t-il assuré. Pour sa part, Imane Hayef, coordinatrice nationale de l'organisation ONU Femmes en Algérie, a fait part de ce programme lancé en 2015 par le gouvernement algérien et ONU Femmes, pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes dans le cadre du programme de coopération algéro-belge 2014-2017. Il s'articule sur trois grands axes d'intervention dont la promotion et la diffusion des valeurs de l'égalité. Parmi les objectifs, le renforcement de la culture de l'égalité au sein des médias. C'est dans ce sens que la rencontre a été animée. Le débat était riche et fructueux, selon les journalistes participants, notamment sur les sujets liés à la condition féminine, stéréotypes genres et médias, empowerment des femmes et institutionnalisation de l'approche genre pour lutter contre les inégalités et la conceptualisation de l'approche genre comme outil d'analyse égalitariste et son contexte d'émergence. La formatrice a mis l'accent sur le rôle des journalistes qui peuvent contribuer à approfondir la réflexion sur l'égalité des genres et les stéréotypes sexistes. Elle a présenté l'étude Mena Media Monitoring qui a relevé que les médias audiovisuels algériens sont misogynes. Les productions médiatiques sont 37 fois moins centrées sur les femmes que sur les hommes, selon cette étude qui souligne que l'inégalité « entre les genres est frappante ». Les femmes participent peu aux débats, elles ne constituent que 21,8% des personnes invitées. On parle peu des femmes dans les médias, sauf pour médire ou reproduire des clichés sur sa « faiblesse » et autres stéréotypes. La formatrice, également experte, a expliqué que le genre ou « gender », en anglais, est une construction sociale dans la mesure où elle est attribuée aux rôles, tâches et caractéristiques. Elle a soutenu que l'égalité des genres passe par les médias et que l'égalité des chances doit devenir une réalité. Cette rencontre, faut-il rappeler, a été organisée à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, célébrée chaque année le 25 novembre et soutenue par l'ONU.