Dans un hommage que l'Anep a rendu à l'intellectuel, samedi dernier, à Alger, Sid Ali Sekhri, consultant à l'Anep, a indiqué que les intégristes lui reprochaient de falsifier l'islam dans le but de faire plaisir aux Occidentaux. « Cela est totalement faux. Quand un évènement survenait, touchant l'islam, il l'analysait de tous les côtés, politique, psychanalytique... et ces intégristes avaient peur car ils ne comprenaient pas sa vision des choses », a-t-il souligné. « Malek Chebel publiait des ouvrages au lendemain de ces évènements, tels les attentats aux Etats-Unis et en Europe, pour défendre l'islam », a-t-il ajouté. Il disait que l'islam est, avant tout, « une civilisation de savoir ». « Le défenseur de l'islam des lumières disait que les musulmans vivent dans la pulsion de la mort et non dans la pulsion de la vie. Or, la vie, c'est le savoir », a fait remarquer Sekhri. On lui reprochait également, d'après lui, d'être prolifique, d'avoir une grille de lecture occidentale et d'être trop présent sur les plateaux des télévisions étrangères. « La psychanalyse appartient-elle uniquement à l'Occident ? », s'est interrogé Sekhri. Quant à sa présence à la télévision étrangère, c'était un moyen pour lui de toucher le maximum de personnes. « Surtout qu'il n'était jamais invité à la télévision algérienne. Malek Chebel, en fait, ciblait les lecteurs plus que les croyants, afin d'engager et d'échanger des débats. Des débats que l'anthropologue enrichissait à chaque fois avec de nouveaux éléments d'analyse », a-t-il expliqué. Dans chacun de ses ouvrages, on a l'impression que nous avons rendez-vous avec l'auteur. La valeur du savoir « En le lisant, on se sent fiers d'être musulmans. Il disait que l'islam se détruit par lui-même s'il n'est pas cultivé », a estimé Sekhri. La trentaine d'ouvrages signés par Malek Chebel, comme « Le dictionnaire des symboles musulmans », « Le dictionnaire amoureux de l'islam », « Désir et beauté en islam », sont d'une valeur inestimable car dans chaque livre, il y a quelque chose de nouveau, un plus. L'apport et les éclairages de l'anthropologue sur des auteurs, poètes et penseurs universels est immense. « Sa lecture de la poésie perse est de toute beauté. Dans son ouvrage ‘'la féminisation du monde'', il entreprend une analyse psychanalytique du conte des ‘'Mille et Une Nuits'' dont l'auteur est toujours un inconnu. A travers son analyse, Malek Chebel a découvert que l'auteur du conte est une femme », a fait savoir le conférencier. Malek Chebel, par ailleurs, était, avant son décès le mois dernier, à la tête d'un projet de « musées du Coran ». A ce propos, Sekhri a indiqué que l'anthropologue, dans sa quête de traduction du Livre Saint, avait amassé une centaine de manuscrits et d'ouvrages de différents formats, supports et calligraphies. « Nous espérons que ce projet ne tombe pas à l'eau », a-t-il souhaité. Enfin, il a déploré que des universitaires algériens n'aient pas répondu présent à cet hommage à celui qu'on qualifiait de « carrefour de toutes les appartenances ».