La cérémonie d'ouverture du premier salon du patrimoine immatériel a eu lieu mardi dernier. La première journée du salon a été dédiée exceptionnellement aux traditions et aux démonstrations des différentes facettes de la vie à l'intérieur d'une maison kabyle ancienne. En milieu d'un décor purement traditionnel, fait de matériaux ancestraux et d'habits adaptés au contexte, des adhérents d'associations culturelles ont replongé l'assistance dans une ambiance qui remonte à des centaines d'années. Les adhérentes de l'association Iselqam Ntalaght suivaient les différents gestes par Tibougharin, chants traditionnels accompagnant autrefois la femme kabyle dans toutes ses activités quotidiennes et qui constituaient un moyen d'expression en milieu d'une société où elle devait taire tous ses sentiments. Pour le secrétaire général de la wilaya, Azeddine Tibourtine, le patrimoine de la région, qu'il soit matériel ou immatériel, est « très bien pris en charge vu le nombre important de manifestations qui lui sont consacrées ». Les activités sont dédiées au chercheur et anthropologue Youssef Nécib que nous avons approché. Dans un premier temps, il a exprimé « ses vifs remerciements à la direction de la culture pour cette manifestation en hommage à ma personne et à mes travaux ». Il ne s'est pas montré très prolixe mais il ne manquera pas d'ajouter que « ce sont toutes ces rencontres qui préserveront notre patrimoine plusieurs fois millénaire ». Pour lui, la vue des expositions et des stands colorés du salon où pratiquement tous les métiers traditionnels, les rites et les arts culinaires ancestraux sont représentés fut un moment d'intense émotion. « C'est une ambiance qui me replonge dans ma tendre enfance où l'on vivait avec cette insouciance malgré les aléas de la vie et sa rudesse », a-t-il reconnu. Encourager les associations L'auteur de « Proverbes et dictons de Kabylie » dans lequel sont réunis quelque 1.500 proverbes et dictons de la région trouve que « le travail fait par les associations locales est plus que remarquable. « Leurs efforts titanesques visent à préserver les racines et surtout le legs de nos aïeux », a-t-il souligné. « Les efforts sont d'autant plus remarquables que cela se fait sans aucune contrepartie », a-t-il fait remarquer, « si ce n'est cet amour pour la culture et les racines de leur identité. Les membres des associations désintéressés méritent le soutien des pouvoirs publics », a-t-il confié. Pour lui, leur mérite se trouve « dans la valorisation de ce lourd héritage culturel qui non seulement nous renvoie à nos racines mais fait de nous ce que nous sommes ». Youssef Nécib a pour devise, « pour aller de l'avant, il faut toujours tenir compte du passé ». Pour lui, « les jeunes ne doivent pas négliger ces rencontres qui traitent du patrimoine car un peuple sans racines donc qui ignore son identité ne peut avancer », clame-t-il. « Nous avons intérêt à ne pas voir nos us et coutumes disparaître. C'est pour quoi j'insiste sur le rôle des associations qui font un travail remarquable en Kabylie. Et j'aimerai que les autres régions du pays en fassent de même », a-t-il estimé. Youssef Nécib a fait part de sa détermination à poursuivre ses recherches. « Je vais encore fouiner dans notre mémoire collective et je compte éditer prochainement un nouvel ouvrage à ce sujet ». La clôture de ce premier salon du patrimoine aura lieu demain avec des déclamations de poésie populaire, des devinettes (timsaâraq) et du chant religieux traditionnel avec le groupe « Lekhwan » d'Azeffoun.