Un des segments de la culture orale est sans aucun doute le proverbe. Sentence spécifiquement issue du monde féminin, lequel détient la primauté dans la transmission orale essentiellement, dans les populations rurales. Le dicton devient alors un legs «matriarcal», qui passera au monde masculin, la djemaa, le souk jusqu'au café, une fois l'usage consacré dans un univers proprement féminin. Cependant Youssef Nacib l'auteur de l'ouvrage tend à normaliser les origines du proverbe kabyle, sans lui accorder une paternité quelconque. Ainsi, dans son travail de recherches et de collectes de dizaines de dictons, il met en avant, l'apport de ces maximes au sein du volet culturel d'une région donnée, à savoir la Kabylie. D'autant que ces dictons sont dit en tamazight véhiculant des valeurs ancestrales «Car le villageois du Djurdjura sait que le proverbe représente un garde-fou sécurisant. En fustigeant le paresseux, la formule incite au travail.» Les proverbes donnent plus de force à la conversation du fait qu'émerge d'eux la sagesse et deviennent un enseignement. «Avec un dicton bien frappé, on peut mettre fin à une discussion oiseuse ou à une intervention intempestive». L'auteur de cette étude, met en relief la force subtile des dictons et sentences en consolidant le dialogue, d'autant qu'ils sont une œuvre anonyme et issus de la communauté ou du groupe culturel. De même qu'ils sont là, véhiculés par la parole, pour émettre une vision distincte de la sagesse «…Expriment la sagesse des nations. Ils constituent le premier patrimoine d'une société rurale, ou le savoir-faire et le faire savoir se transmettaient oralement de père en fils» Quelques formules succulentes, quand elles sont dites dans la langue originelle et qui inspirent à bien faire ou penser : «Yiwen yella netsa yemout, yiwen yemout netsa yella» (L'homme de bien fera parler de lui-même après sa mort, l'homme obscur même vivant, personne ne l'évoque),». Mmis ag izem d'aghilas» (le petit du lion est un fauve) ; «Tif lmedheb wala ddheb» (Mieux vaut la religion que l'or),» ; Fegh verra timghoured» (Va dehors, tu deviendra un homme). On lit ce recueil de dictons avec plaisir d'autant que Youssef Nacib les a transcrits en langue arabe et donne à les apprécier doublement tout en les ayant consigné pour la pérennité. «Proverbes et dictons Kabyles» de Youcef nacib, Editions Zyriab publié avec le soutien du ministère de la culture 2009, 420 pages, prix public : 700DA.