La direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, en collaboration avec le mouvement associatif, organise, depuis hier et jusqu'à vendredi prochain, le premier Salon du patrimoine immatériel en hommage à l'écrivain et anthropologue Youcef Nacib, un enfant de la région, étant natif de Boghni. Placée sous le thème « Le patrimoine culturel immatériel, entre ressourcement et valorisation », la manifestation se déroule à la maison de la culture Mouloud-Mammeri. « L'objectif est de faire connaître les facettes du patrimoine immatériel au large public pour la préservation de tous ses symboles », a souligné la directrice locale de la culture, Mme Gouméziane. Cette dernière met en exergue le rôle et l'importance du mouvement associatif. Selon elle, « il est le socle de la préservation du patrimoine immatériel et son implication limite l'étendue des ravages du temps ». Youcef Nacib faisait partie justement de ceux qui ont beaucoup œuvré dans ce sens, ayant à son actif de nombreuses recherches notamment à Boussaâda, oasis à laquelle il a dédié un ouvrage, et en Kabylie. Il a édité de nombreux ouvrages notamment « Poésies religieuses du Djurdjura » (Sindbad 1999) et « Anthologie de la poésie kabyle ». Il a publié également des livres sur la vie et l'œuvre de deux grands chanteurs (Slimane Azem et Cheïkh Nourredine). Le chercheur-enseignant, qui était dans les années 1980 directeur de l'Office des publications universitaires, porte un grand intérêt à la littérature orale, exhumant et recueillant des proverbes et dictons kabyles. Sa démarche patiente a permis, au fil des années, de montrer la richesse d'une culture souvent transmise par l'oralité. Outre une exposition de tableaux, de photographies anciennes, une maquette d'une maison traditionnelle, d'objets traditionnels miniaturisés, le programme sera décliné sous d'autres activités. Des conférences-débats seront animées par des chercheurs et universitaires du Crape qui mettront en exergue le travail de recherche du professeur Nacib et sa contribution à la préservation de ce patrimoine. Le public pourra aussi assister à de nombreuses démonstrations d'activités ancestrales, comme la restitution de scènes dans une maison traditionnelle comme la dégustation du petit-déjeuner, les préparatifs du départ vers le champ, la préparation du couscous (leftil). Les rites de naissance d'un enfant, les berceuses (azuzen), le tissage d'un tapis (azetta) et le travail de la poterie (afxar) seront ressuscités. Un film documentaire sur la signification des symboles amazighs sera projeté. Un atelier est consacré à la récitation de proverbes, de devinettes et de contes. Une exposition de livres sera animée par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques, la bibliothèque principale de lecture publique et celle de la maison de la culture. « Nous voulons préserver toutes ces activités ancestrales et les adapter à la modernité, dont le confort a effacé beaucoup d'entre elles, chez les générations montantes », a-t-on conclu.