Moins d'un mois après le lancement, le 15 novembre, d'une offensive pour reprendre la partie orientale d'Alep qui lui échappait depuis juillet 2012, il était, hier, admis par tous que la bataille d'Alep est scellée. Les insurgés ne tiennent plus aujourd'hui qu'un territoire limité, dont le quartier d'Al-Machad et quelques pans du district de Soukkari. Soit un réduit, selon un communiqué russe. La reconquête d'Alep a d'ores et déjà été célébrée, lundi dernier, dans les quartiers soutenant le gouvernement qui contrôle les cinq plus grandes villes de Syrie, avec Homs, Hama, Damas et Lattaquié. Les bombardements qui se sont poursuivis, dans la nuit de lundi à mardi, ont baissé en intensité au lever du jour. L'armée et ses alliés menaient hier matin des opérations de ratissage sans avoir effectué de nouvelles percées majeures, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) relevant que les rebelles se sont retirés, lundi, de six nouveaux quartiers importants d'Alep face à l'avancée de l'armée et ne sont plus que dans une petite poche dans la ville de Syrie. « Il y a un effondrement total des rebelles. La bataille d'Alep touch à sa fin » , a affirmé Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, précisant que les rebelles s'étaient notamment retirés du quartier de Boustane al-Qasr, l'un des plus fortifiés, ainsi que de Ferdous et de Kallassé. « Ce n'est plus qu'une question de temps » avant qu'Alep ne tombe entièrement sous contrôle du régime de Bachar al-Assad, a-t-il précisé. Face à cette situation, les civils quittent la ville par centaines. Ils sont plus 130.000 à avoir fui les quartiers Est de la ville depuis le 15 novembre. L'opération militaire a coûté la vie à plus de 415 civils à Alep-Est, selon l'OSDH, tandis que 130 civils ont été tués par des tirs rebelles dans l'ouest de la ville. Ce qui a suscité l'inquiétude du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. « Les Nations unies soulignent l'obligation pour toutes les parties sur le terrain de protéger les civils en se conformant aux règles humanitaires internationales », a déclaré, lundi soir, son porte-parole, Stéphane Dujarric. Selon lui, M. Ban a demandé à son envoyé spécial pour la Syrie, Staffan de Mistura, de se pencher sur les informations décrivant la situation à Alep. De son côté, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a appelé toutes les parties à « épargner les vies humaines » à Alep. « Les vies de milliers de civils sont en danger, alors qu'ils sont pris au piège par les lignes de front », a-t-il indiqué. La chute d'Alep est un échec d'envergure pour l'opposition armée soutenue par l'occident. Le ministre britannique de la Défense Michael Fallon a déclaré, dimanche sur la BBC s'attendre « malheureusement » à cette hypothèse. La perte attendue d'Alep-Est est « politiquement très importante » car elle va « briser l'opposition armée », estime Yezid Sayigh, expert au Centre Carnegie Moyen-Orient. Parallèlement. « L'idée que le régime puisse être renversé militairement est définitivement abandonnée » plus de cinq ans et demi après le début de la guerre, ajoute-t-il. L'élection-surprise de Donald Trump à la tête des Etats-Unis annonce aussi un abandon de cette politique déjà d'ailleurs amorcé par Barack Obama dans sa dernière période avec la priorité donnée à la défaite du groupe terroriste Daech qui profite de la concentration des efforts à Alep pour desserrer l'étau sur Palmyre de nouveau reprise, dimanche, malgré les frappes russes.