Les quatre chefs d'Etat de grands pays d'Afrique de l'Ouest ont échoué, mardi dernier, à trouver une issue à la crise politique en Gambie. Ils entendaient convaincre le président Yahya Jammeh de revenir sur sa décision de contester sa défaite à l'élection présidentielle mais en vain. « Un accord n'est pas quelque chose qui peut aboutir en un seul jour, il faut y travailler », a déclaré, en fin de journée, la présidente de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), Ellen Johnson Sirleaf, la présidente libérienne. « Nous ne sommes pas venus pour un accord, nous venons aider les Gambiens à organiser la transition », a-t-elle ajouté, peu convaincue. Elle a affirmé que la mission allait rendre compte de ses discussions lors du sommet de la Cédéao qui sera organisé, samedi dernier, à Abuja.La délégation comprenait, en plus de la présidente libérienne, Muhammadu Buhari, président du Nigeria, John Dramani Mahama, président du Ghana lui-même battu, il y a quelques jours lors de la présidentielle et Ernest Bai Koroma, président de la Sierra Leone. Le représentant spécial de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas, participait également à la mission reçue pendant plus d'une heure par Jammeh. Le chef d'état-major de l'armée gambienne, le général Ousman Badjie, est arrivé aux discussions en portant sur son uniforme un badge du chef de l'Etat sortant. Il a affirmé qu'il soutenait « le commandant en chef, le président Yahya Jammeh ». La délégation a ensuite rencontré l'opposant, Adama Barrow, vainqueur du scrutin présidentiel du 1er décembre. « Il y a un blocage entre le gouvernement et nous », a dit ce dernier qui affirmait, la semaine passée, détenir le soutien du chef d'état-major. Dans la réalité, outre l'armée, la police soutient celui qui détient le pouvoir depuis 22 ans. Elle a fermé les locaux de la Commission électorale indépendante (IEC) avant l'arrivée de la délégation. Au moment de la visite de « dernière chance », -selon les promos de la diplomatie sénégalaise-, l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction, le parti au pouvoir a demandé à la Cour suprême d'annuler la présidentielle. Il invoque à l'appui de sa demande d'annulation des résultats accordant la victoire à Adama Barrow par quelque 19.000 voix d'écart, des irrégularités dans la comptabilisation par l'IEC et des « intimidations » envers ses électeurs dans une région. Néanmoins, faute de juges pour siéger à la Cour suprême depuis mai 2015, « il n'existe en Gambie aucun mécanisme légal légitime pour statuer sur le recours électoral du président sortant », a estimé lundi l'Ordre des avocats, appelant Jammeh à « céder immédiatement le pouvoir ».