Face à l'imbroglio créé par la volte-face du président sortant, Yahya Jammeh, reconnaissant sa défaite puis contestant les résultants électoraux, l'intervention militaire en Gambie serait « l'ultime recours ». Pour le président sénégalais, Macky Sall, le dialogue est encore possible pour éviter le pourrissement de la situation aggravée par la saisine judiciaire entreprise par Jammeh pour tenter de gagner du temps. A la veille d'une mission, prévue mardi prochain à Banjul, de quatre chefs d'Etat de la région, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) privilégie l'apaisement pour « faire entendre raison » au grand perdant de l'élection présidentielle qui ne veut céder en rien lors de la dernière visite de la délégation de la Cédéao, conduite par la présidente en exercice, la chef d'Etat libérienne, Ellen Johnson Sirleaf, en présence de son homologue nigérian, Muhammadu Buhari. En signe de défiance, le même jour, il a pris possession des locaux de la Commission électorale indépendante. Le coup de force est significatif de la volonté du « président constitutionnellement élu », jusqu'à l'expiration de son mandat en janvier, comme a tenu à le rappeler le représentant de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas, de s'opposer au changement démocratique. « Nous espérons que pendant cette période, toutes ses actions seront conformes à la Constitution », s'est contenté de relever Ibn Chambas. Mais le choix de la paix civile sur les impératifs de justice est une option mise en avant par le président sénégalais. « Si nous ne privilégions pas une solution négociée, évidemment le coût à payer pourrait être beaucoup plus important », a-t-il prévenu, en référence notamment au soutien dont le président sortant bénéficie dans l'appareil militaire. C'est par le dialogue que le compromis est donc envisager pour permettre un départ négocié du président sortant. Mais en cas d'échec de la diplomatie préventive, la Cédéao serait amenée à prendre « des décisions plus draconiennes », a déclaré à la veille de cette mission le président de la Commission de l'organisation, Marcel Alain de Souza, à la radio française RFI, qualifiant l'option militaire de « solution envisageable » au menu de l'agenda du sommet de la Cédéao, samedi à Abuja, capitale du Nigeria.