A Tolga, les agriculteurs et producteurs de dattes sont aussi des acteurs très actifs en matière d'exportation. Nous sommes chez Salim Haddoud, propriétaire de la plus importante unité de conditionnement de dattes de Tolga. Un investissement porté de père en fils depuis 1920. Propreté tapante, équipements neufs, le silence règne en maître au sein de ces unités de production et de conditionnement où travaillent plus d'une centaine de personnes. Les dattes sont réceptionnées dans un grand hall où se fait le premier tri. La quantité destinée au conditionnement suit son processus de nettoiement, de vaporisation et de conditionnement. L'autre partie est confiée à un groupe de femmes pour le dénoyautage de dattes avant de suivre le même processus. La chaîne d'emballage est également prête pour entamer la dernière étape. Après le pesage, le remplissage et la fermeture des boîtes, les femmes procèdent au collage des étiquettes indiquant le pays de sa destination. « Nous exportons la datte revalorisée qui nous vient des régions du Sud, des dattes communes, de moyenne qualité pour pouvoir être concurrentiel sur le marché international où sévit une concurrence impitoyable », a indiqué Haddoud. L'exportation concerne 26 pays dans quatre continents. « Chaque marché à ses spécificités et sa propre demande en variété de dattes », souligne le gérant. En Algérie, il y a six à sept variétés exportables en quantités suffisantes mais pas énormes. « Il y a de la place pour la production algérienne sur le marché international d'autant que deglet nour n'existe qu'en Algérie et en Tunisie. C'est un produit unique, donc un bon atout pour nous. Le marché peut encore supporter jusqu'à 200.000 voire 300.000 tonnes de dattes », a-t-il affirmé. La réussite de l'exportation est le pari que doivent relever les producteurs et exportateurs. « L'Etat a mis en place des facilitations et des aides pour encourager l'exportation, dont les crédits sans intérêt, l'aide au transport, l'octroi des terres agricoles et terrains fonciers. La balle est dans le camp des exportateurs qui doivent jouer le jeu en se mettant à niveau », a-t-il estimé. La réussite de l'exportation de fruits et légumes en Europe et au Canada est l'exemple à suivre. « Il faut plus d'efforts pour concurrencer les autres pays. C'est possible à condition d'améliorer la qualité du produit et de respecter la variété demandée. Les gens sont demandeurs des produits algériens à l'étranger mais nous sommes tenus d'être concurrentiels notamment en termes de prix », relève Haddoud. Le développement de l'exportation exige aussi la hausse de la superficie exploitée. Manque de main-d'œuvre La première contrainte évoquée par les producteurs de dattes concerne le manque de la main-d'œuvre notamment pour le tri. « Nous ne pouvons pas mécaniser car cela exige un investissement très lourd. Les femmes constituent 80% des effectifs. Les hommes n'acceptent pas de faire ce travail », déplore Haddoud. Le même problème est posé au niveau des palmeraies où la main-d'œuvre se raréfié. L'exportation d'une quantité conséquente suppose l'extension des usines ou la réalisation de nouvelles unités. Les producteurs tablent aussi sur des investissements pour « éradiquer l'infestation des dattes ». Une réunion des DSA d'El Oued, de Ouargla, de Ghardaïa, de Biskra et d'Adar est prévue, dans les prochains jours, pour « régler le problème de traitement de la datte destinée à l'exportation. « Nous avons perdu des marchés à cause de ces infestations », a-t-il regretté. Labellisation : une assurance pour le citoyen En saluant la décision de labellisation de deglet nour de Tolga, décidée par les pouvoirs publics, Haddoud précise que cela profitera essentiellement au consommateur qui « ne se posera plus de question sur la qualité de cette variété de dattes ». « Les producteurs seront soumis à un certain nombre de conditions en termes de variété, de qualité et de calibrage de ce produit conformément au cahier des charges qui leur sera soumis », a-t-il dit. Sur le marché international, il y aura certainement « une part de la datte labellisée qui sera concernée mais elle ne dépassera pas les 4 à 5% de la quantité globale exportée étant donné que nous sommes tenus de présenter une datte de bonne qualité à des prix à même de rivaliser avec les concurrents tels que la Tunisie, l'Arabie Saoudite, l'Iran, l'Egypte, l'Irak, les Emirats arabes unis et autres », a-t-il expliqué, précisant que l'instauration de ce cahier des charges aura un impact sur le prix qui sera revu à la hausse.