« Durant la décennie noire, la loi a autorisé les femmes victimes de viol par des terroristes à interrompre leurs grossesses. Les victimes de viol et d'inceste doivent avoir le même droit. Cela les protégera contre toute pression qui conduirait à recourir à des méthodes illégales et dangereuses d'avortement », a affirmé El Khamsa Brahimi, membre de l'association. Selon elle, la tenue de cette rencontre, avec la participation de parlementaires, vise à sensibiliser les députés chargés de l'étude du nouveau projet de loi relatif à la santé autour de la question », nous a-t-elle confié. Kaci Si Youcef (juriste) a souligné la nécessité d'intégrer cette recommandation en faveur des victimes de viol et d'inceste dans ce projet de loi, à travers des textes d'application. « Les députés ont un rôle à jouer, car le projet de loi garantit la protection des femmes en détresse psychologique et sociale comme les victimes de viol et d'inceste », a-t-il clamé. Pour rappel, la réglementation algérienne considère l'avortement volontaire comme un crime passible de peines allant de 1 à 5 ans d'emprisonnement, en plus d'amendes. L'IMG est autorisée seulement dans deux cas : lorsque la grossesse met en danger la vie de la mère ou quand le bébé présente des signes de fortes malformations. « Des sanctions sont également prononcées contre ceux qui s'opposent à une IMG médicale. Cette décision est une obligation. Ces sanctions sont reconduites dans le nouveau projet de loi », a précisé le juriste. La représentante du ministère de la Santé, Boukhaoui, a assuré que le projet évoque des solutions pour les femmes confrontées à des dangers mentaux et sociaux. « Ce n'est pas très explicite. Mais c'est une ouverture qu'on peut exploiter, car les grossesses suite à un viol figurent parmi les dangers affectant le mental notamment des victimes », a-t-elle estimé. La députée Saliha Mekharef a assuré que toutes ces préoccupations seront transmises à la commission de la santé, des affaires sociales, du travail et de la formation professionnelle de l'APN. Celle-ci compte sensibiliser les différents acteurs. « Du point de vue religieux, l'Islam permet l'IMG pour les femmes victimes de viol et d'inceste », a soutenu l'imam de la mosquée Ibn-Badis de Kouba, Mohamed Toufik Yahia. « Vu l'impact psychologique et social de ce genre de grossesses contractées, la religion permet l'interruption à condition que le fœtus atteigne son 40e jour », a-t-il expliqué. « En Islam, l'avortement n'est pas un délit, comme le stipule la loi algérienne, mais un crime », a-t-il tenu néanmoins à rappeler.