Il était difficile, au début, d'imaginer que de jeunes médecins, établis dans une ville de l'intérieur du pays comme Batna, pouvaient en quelques années seulement effectuer avec succès des greffes rénales et se dresser en leader national dans ce type de chirurgie si délicate. En 2016, cette équipe a pu dépasser le seuil des 50 transplantations rénales attribué par la tutelle, prouvant que l'expérience des transplantations était loin d'être une « aventure passagère », affirme le chef du service de néphrologie au Centre hospitalo-universitaire CHU Touhami-Benflis de la capitale des Aurès, Ahmed Bougroura. La « ferme conviction » que les greffes constituaient le seul moyen de rompre la dépendance des insuffisants rénaux aux machines de dialyse a amené ces jeunes médecins à s'obstiner à réussir, indique fièrement à l'APS ce praticien. Plus de 200 demandes en attente Depuis le 31 mars 2014, plus de 130 greffes ont été réalisées par le service de néphrologie de Batna et plus de 200 dossiers y sont en attente, assure Bougroura, notant que le staff médical « est incapable de satisfaire cette forte demande en dépit de la cadence soutenue de interventions ». Pour ce praticien, le mérite de cette réussite revient au Pr Hocine Chaouch, le doyen des greffes en Algérie. « Le Pr Chaouch nous a accompagnés depuis le début et après deux années et demie, et novembre 2016, l'équipe médicale locale a commencé à réaliser en toute autonomie ces interventions », a-t-il soutenu. « Aujourd'hui, nous ne faisons appel au Pr Chaouch que pour les seuls cas compliqués », a ajouté ce praticien. Pour le Dr Othmane Chinar, membre de l'équipe, le succès des greffes rénales à Batna atténue les souffrances des malades du service dont seuls deux ont pu se faire greffer durant la période de 2012 à 2014. Après avoir obtenu fin 2014 l'autorisation de procéder à des greffes rénales au terme de 10 greffes réussies, le service de néphrologie du centre hospitalo-universitaire de Batna a pu s'affirmer en un pôle de référence en ce domaine. « Ayant pu dépasser en 2016 l'objectif initialement tracé, nous projetons en 2017 d'atteindre la moyenne internationale de 80 à 90 greffes par année », a affirmé Bougroura pour qui le principal défi sera toutefois de réaliser des transplantations de reins à partir de donneurs morts. « Nous sommes entièrement préparés pour réaliser à tout moment une telle intervention », a soutenu Bougroura.