La guerre d'Algérie a fait des milliers de «chouhada sans tombes» ; M'Hamed Bouguerra, Hamou Boutlilis, Mohamed Darlili, Mohamed Aichaoui, Mohamed Larbi Tebessi, Maurice Audin, Ali Boumendjel, Lagha … Les circonstances de leurs assassinat et de leurs tragique disparition, ont été jeudi dernier, le thème d'une conférence-débat animée conjointement au forum d'El Moudjahid par le moudjahid Ammar Bentoumi, -codétenu du chahid Ali Boumendjel et premier ministre de la justice après l'indépendance - et les chercheurs historiens MM. Mohamed Abbas et Mohamed Rebah. Des milliers d'Algériens, torturés des jours durant, ont été tuéspar l'armée française. Leurs corps inanimés ont été dissimulés par les militaires français sous l'ordre de leurs commanditaires, ne laissant aucune trace, pouvant susciter une instigation. Auteur du livre «Des Chemins et des Hommes» l'historien Mohamed Rebah s'étale sur les circonstances de l'assassinat et le disparition du mathématicien et savant algérien engagé dans la lutte pour l'indépendance du pays Maurice Audin. «Les crimes étaient flagrants, mais la France coloniale tentait par tous les moyens de justifier l'injustifiable» ont souligné les conférenciers. «Le général Massu fut informé personnellement de l'assassinat de Maurice Audin, baptisé accident, par les officiers qui se sont rendus à son bureau de l'Etat major. C'est dans le bureau du général que fut réglée la mise en scène de la prétendue évasion de Maurice Audin» a attesté le conférencier Rebah se basant, sur les déclarations de Josette Audin. Où se trouve le corps des suppliciés ? La question reste posée jusqu'à présent.Revenant sur l'assassinat de Ali Boumendjel, cet avocat nationaliste torturé durant 43 jours, et assassiné en 1957 en pleine Bataille d'Alger par les hommes du général Aussarresses, le moudjahid Ammar Bentoumi relate dans le détail, le dévouement et le combat de cet homme. Les allégations des autorités coloniales faisant état de son suicide ont été démenties par l'histoire et désapprouvés par l'opinion publique. Les circonstances de l'exécution de Ali Boumendjel ont donné lieu à plusieurs versions. Certains parlent de mort sous la torture, d'autres attestent qu'il a été jeté du cinquième étage d'un immeuble à El Biar après sa mort. Les exécutants voulaient, par cet acte horrible, dissimuler les marques visibles de la torture. Pour d'autres, le chahid a été jeté avant sa mort. Quelles que soient les circonstances de cet acte ignoble, les historiens estiment que l'affaire Boumendjel avait éclairé l'opinion française, sur la pratique à grande échelle, de la torture par l'armée française en Algérie. Autant de corps décimés que l'armée française a sciemment fait disparaître. Pour les moudjahiddines et les historiens, les autorités algériennes doivent engager des démarches auprès des autorités françaises pour réclamer les corps des «chouhadas sans tombe» L'historien Mohamed Rebah, rappelle que lors de la cérémonie de remise du Prix de mathématiques Maurice Audin, pour l'année 2010 – organisée la semaine dernière à l'USTHB (Bab Ezzouar) d'éminents mathématiciens algériens ont émis le vœu de voir les autorités algériennes engager une action pour faire la lumière sur la disparition du mathématicien algérien mort sous la torture le 21 juin 1957.