Le parcours politique et militant du chahid avocat Ali Boumendjel a été au centre d'une conférence animée, mardi à Oran, par l'historienne Malika Rahal de l'université de Nottingham (Angleterre), à l'occasion du 54e anniversaire de sa mort. La vie du martyr, l'un des plus brillants avocats du Front de libération nationale durant la guerre de libération, et les circonstances de sa tragique disparition, puis de son assassinat, ont été mis en avant lors de cette rencontre qui s'inscrit dans le cadre de la célébration de la journée nationale des avocats coïncidant avec le 23 mars, jour de l'assassinat du juriste chahid Ali Boumendjel. Malika Rahal a souligné, lors de cette rencontre organisée par le Centre culturel français à Oran et le Centre des études maghrébines d'Algérie, que le martyr Boumendjel fut un exemple de "l'Algérien libre", qui a refusé que son peuple vive sous l'oppression et l'occupation et qui n'a pas hésité à abandonner une vie que lui procure son statut social à l'époque et à rallier les premiers rangs du combat. La conférencière s'est concentrée sur le double crime commis contre "l'avocat des moudjahidine", rappelant qu'il avait subi les pires formes de torture des mains du criminel de guerre Aussaresse à Alger, avant d'être assassiné et jeté du sixième étage d'un immeuble, pour maquiller son assassinat en suicide. Ali Boumendjel avait étudié au lycée de Blida, où il avait rencontré Abane Ramdane, Benyoucef Ben Khedda et Saad Dahleb. Il a été encadré en internat par Lamine Debaghine, a-t-elle indiqué. Mme Rahal, qui est également membre du Centre national français de recherche scientifique, spécialiste en histoire du colonialisme français, a également rappelé "l'action politique intense du chahid Boumendjel qui s'est joint, à Paris, à la lutte de libération menée par le Front de libération nationale". La mort de l'avocat Boumendjel a contribué à changer l'image du Front de libération nationale dans le milieu français et a permis de mobiliser différents réseaux de l'anti-guerre à prendre des mesures pour mettre un terme aux exactions de l'armée coloniale française, a-t-elle dit. Sa mort (de l'avocat) a conduit également à l'éclatement, en 1957, du premier scandale français lié à la torture, a-t-elle ajouté. Selon des témoignages et des sources historiques, le chahid Ali Boumendjel a été jeté lors de la "Bataille d'Alger" le 23 mars 1957, du haut d'un immeuble à Alger après avoir été détenu pendant 43 jours dans une ferme où il a été torturé "physiquement et psychologiquement". Il a été souligné, lors des débats, que les avocats, parmi les moudjahidine encore vivants, ont la lourde tâche d'écrire sur le combat mené dans les tribunaux du colonisateur et l'histoire de la profession d'avocat en Algérie, notamment à l'époque où la plaidoirie fut aussi importante que la lutte armée.