Photo : Slimene S.A. L'Algérie adhère à la démarche de l'Union africaine pour trouver une solution pacifique et politique à la crise qui affecte les Libyens. «Elle appuie la feuille de route qu'elle a élaborée pour une solution durable et pacifique à la situation en Libye», affirme M. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, dans son intervention à la réunion du comité de Haut niveau de l'UA, appelant les partenaires de l'Afrique à «soutenir» cette feuille afin de faire converger les efforts autour d'une même démarche et d'un même agenda, dans le but de réunir les conditions d'une solution politique par le dialogue et la concertation. «La priorité des priorités est la cessation des combats et des violences qui ont cours en Libye», dit-il, car «la résolution 1973 a été fondée sur des considérations humanitaires qui doivent être réalisées grâce à un cessez-le-feu visant la protection des populations civiles», mais, poursuit-il, «il est regrettable que cette résolution qui a permis l'engagement des opérations militaires hâtives et disproportionnées par rapport à l'unique objectif légitime qui est la protection des populations civiles au moyen de l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne en Libye», n'ait pas prévu de mécanisme d'observation et de vérification du cessez-le-feu. M. Messahel met en garde «contre la tentation d'aller au-delà du mandat de la résolution en la déviant de son objectif, avec le risque de déboucher sur une logique qui tendrait de façon paradoxale à s'inscrire à contre-courant des aspirations légitimes du peuple libyen, qui doit décider de lui-même et pour lui-même de son devenir». Une telle logique, ajoute-t-il, qui mènera à l'enlisement et à plus de souffrances pour le peuple libyen, est « porteuse de graves menaces pour toute la région, la circulation des armes à grande échelle étant de nature à exacerber l'insécurité et aggraver le phénomène terroriste notamment dans le Sahel ». C'est pour toutes ces raisons, qu'« il est urgent de faire taire immédiatement les armes et tous les actes de violence pour laisser place à la diplomatie et au dialogue », estime le ministre, tout en déplorant « la fin de non-recevoir que les Nations unies ont réservée à la demande de déplacement en Libye faite par le comité de Haut niveau de l'UA» qui «contrevient clairement à l'article 2 du dispositif de la résolution 1973 (2011) qui souligne précisément le rôle de ce comité pour faciliter un dialogue qui débouche sur les réformes nécessaires à un règlement pacifique et durable». M. Messahel préconise une démarche en sept points susceptibles de conforter et de mettre en œuvre cette feuille de route africaine. Le comité devrait, dit-il, « réitérer son appel à un cessez-le-feu immédiat sur tout le territoire libyen et à la cessation de toutes les actions militaires d'où qu'elles viennent » et « appeler à la mise en place d'un mécanisme pour l'observation et la vérification du cessez-le-feu ». Il suggère aussi que le comité «réitère sa demande de dépêcher en Libye la délégation des chefs d'Etat» qui le compose «pour nouer le dialogue entre les protagonistes de la crise» et plaide pour une «coordination» des efforts des Nations unies avec ceux de l'Organisation africaine et de son comité. « L'aide humanitaire au peuple libyen, l'assistance aux réfugiés et la réinsertion sociale et professionnelle des travailleurs migrants que la crise a réduits au dénuement » devraient figurer dans les priorités que la réunion du comité de Haut niveau aura à définir, ajoute-t-il. Quant à la question sensible de la circulation des armes dans la région, conséquence de ce conflit militaire ouvert, M. Messahel recommande que le Haut comité décide de la création d'un «groupe de travail de l'UA pour proposer les voies et moyens pour endiguer la circulation des armes susceptibles de déstabiliser la région». M. Messahel a rappelé qu'en application de la décision du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, l'Algérie a adopté les mesures nécessaires pour l'accueil, le séjour et le rapatriement des ressortissants étrangers fuyant la Libye, ou se trouvant dans l'impossibilité de quitter ce pays par voie aérienne pour rejoindre leurs pays d'origine. « A ce jour, a-t-il indiqué, 5572 réfugiés, issus de 33 nationalités, sont entrés sur le territoire algérien et 5432 d'entre eux ont pu bénéficier de mesures de rapatriement, assurées par le gouvernement algérien.»