Le « maître » du Yémen n'est plus...maître de son destin. Lâché par les Etats-Unis, Ali Abdallah Saleh n'a d'autre choix que de négocier son départ. Selon le New York Times, citant des membres des deux gouvernements, Washington estime que le président yéménite n'est pas en mesure de répondre favorablement aux revendications de ses opposants. Résultat des courses, « il doit être écarté», décrètent-ils. Selon la même source, l'administration Obama, qui soutenait jusqu'ici son allié dans la lutte contre al Qaïda, a changé d'avis la semaine dernière. Elle considère désormais son maintien au pouvoir comme un facteur d'instabilité. Ce qui n'a pas empêché Washington d'exprimer ses inquiétudes quant à la mise en œuvre de cette succession. Autrement dit, sur l'identité de son éventuel successeur, le général dissident Ali Mohsen Al Ahmar. Selon un responsable yéménite cité par le journal, des négociations en vue du départ de Saleh ont débuté après la mort d'une cinquantaine de manifestants le 18 mars. Depuis, le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 32 ans, souffle le chaud et le froid. Notamment au sujet de son départ pour lequel il peine à trouver une porte de sortie à ses conditions. L'idée de l'opposition de passer le flambeau à son vice-président Abdrabouh Mansour Hadi a essuyé un refus catégorique. Saleh juge qu'un départ précipité sèmerait le chaos dans le pays. Ce que l'opposition réfute. Face au statu quo, les Américains, soucieux de la stabilité de la région, laissent faire les monarchies pétrolières. Hier, les pays du Golfe ont proposé leur médiation entre l'opposition et Saleh. Dans un communiqué à l'issue d'une réunion extraordinaire à Ryadh, les ministres des Affaires étrangères des six pays du Conseil de coopération du Golfe « ont convenu de mener des contacts avec le gouvernement et l'opposition yéménites » pour proposer « des idées » qui permettraient de débloquer la situation. Mais sans dévoiler la nature de ces « idées » afin de « réussir la médiation », affirme le ministre émirati des Affaires étrangères, cheïkh Abdallah ben Zayed. Sur le terrain, la situation va de mal en pis. Dix sept manifestants ont été tués hier par les balles des forces de sécurité lors d'une marche de contestation à Taëz, au sud de Sanaâ.