Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères, évoque le risque d'un enlisement après avoir constaté les limites de la zone d'exclusion aérienne. Le général américain Carter Ham, ne croit pas en les capacités des insurgés à donner un assaut sur Tripoli pour renverser Mouammar Kadhafi et son régime. «Tel est bien le cas en ce moment sur le terrain» a répondu jeudi, à Washington le commandant des forces américaines pour l'Afrique et responsable de la coordination des opérations de la coalition multinationale en Libye du 19 au 31 mars, jusqu'à ce que l'Otan prenne le relai, à un sénateur qui lui demandait si une «impasse» se profilait en Libye. Le général n'exclut pas, en cas de départ du colonel Kadhafi, un déploiement de troupes au sol. Les deux responsables ne sont pas les seuls sceptiques. Le contre-amiral britannique Russell Harding, commandant adjoint de l'opération Protecteur unifié dirigée par l'Otan, reconnaît que les forces de Kadhafi et les rebelles font depuis peu des «va et vient». «Si quelqu'un veut définir cela comme une impasse, fort bien, mais tout ce que je dis, c'est que, oui, la situation est mouvante, mais mouvante dans un secteur relativement petit» dit-il reconnaissant des bombardements par erreur des rebelles, les deuxièmes depuis le 1er avril. Que faire ? Outre le comité ad hoc africain et l'initiative turque, Barack Obama qui a reçu mercredi une lettre du leader libyen, dépêche deux émissaires. Curt Weldon, un ancien parlementaire républicain à Tripoli. Mission : rencontrer Kadhafi et le persuader de quitter le pouvoir. Chris Stevens, un diplomate à Benghazi, pour entrer en contact avec le Conseil national de transition, cerner les contours idéologiques, les objectifs et les besoins de ce «gouvernement provisoire» dirigé par Mustapha Abud Jalil, un homme qui était, jusqu'au 21 février, ministre de la Justice de Kadhafi, et placé par Amnesty sur la liste des responsables de violations de droits humains à Tripoli et Abdul Fatah Younis, l'ex-ministre de l'Intérieur. Selon l'OSCE, Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, ces deux responsables n'ont qu'une seule aspiration : chasser le colonel pour prendre sa place. Les Américains qui ont fort à faire en Afghanistan et Irak veulent avoir l'ensemble des données avant le 13 avril, date de la prochaine réunion du groupe de contact à Doha où l'Union africaine (UA) qui a boycotté les conférences de Paris et de Londres sera probablement présente. D'où la réunion du comité ad hoc de l'UA sur la Libye (Mohamed Ould Abdelaziz, Mauritanie ; Amadou Toumani Touré Mali ; Denis Sassou Nguesso Congo ; Jacob Zuma Afrique du Sud et Yoweri Museveni Ouganda) ce matin à Nouakchott avant de rallier Tripoli. Les «cinq» dont la «feuille de route» élaborée il y a deux semaines à Addis-Abeba est en passe de s'imposer comme la plus avancée, comptent obtenir de Kadhafi un «cessez-le-feu» et une coopération de ses troupes pour «faciliter l'acheminement diligent de l'assistance humanitaire aux populations dans le besoin». Tripoli et Benghazi permettront-elles à l'Union africaine d'avancer ? Trois semaines après les premières frappes militaires, elles ont commencé le 19 mars, force est de constater que Kadhafi dont les troupes ont modifié «le mode d'action, est toujours là et que l'issue est, selon les analystes, incertaine. «Nous savons qu'il ne peut y avoir de solution purement militaire» explique Oana Lungescu, porte-parole de l'OTAN, reconnaissant à demi-mots que coalition est dans une impasse. L'Union africaine réussira t-elle à voler au secours de l'OTAN qui est dans une impasse militaire et politique en Libye.