Photo : Fouad S. Les étudiants ont manifesté hier à Alger. Leur marche nationale qui devait les amener de la place Emir Abdelkader jusqu'à la Présidence, s'est cependant heurtée aux forces de l'ordre qui leur ont barré la route au niveau du siège du PRA à quelque 500 mètres de leur point de chute. Le face-à-face a duré plus d'une heure avant que les policiers les refoulent à coups de matraques. Les affrontements au niveau de l'avenue Pékin ont fait une centaine de blessés parmi les étudiants dont 20 ont été hospitalisés, selon un membre de la Coordination nationale autonome des étudiants (CNAE). Plusieurs policiers ont également été touchés. Le choix de charger les protestataires était irréversible pour les forces antiémeute qui voyaient l'intransigeance des étudiants à aller vers le palais présidentiel grandir à mesure que leurs rangs grossissaient avec l'arrivée continuelle de leurs camarades. Beaucoup sont venus à pied de Si Mustapha dans la wilaya de Boumerdès après avoir été bloqués la veille au niveau des barrages de la gendarmerie. Pourtant, au début de la manifestation vers 10 h 30, les policiers ont tenté, sans user de violence, de bloquer, disperser puis de désorganiser la marche. Le plan des étudiants, meneurs de la marche, a bien marché puisqu'ils ont pu déjouer ce blocus avant de se diriger vers le palais du gouvernement. Mais cet itinéraire a été changé devant le déploiement massif des policiers. C'est donc vers la Présidence que le cortége disparate s'est orienté à travers la rue Emir Khettabi, puis Didouche Mourad avant d'emprunter le boulevard Mohamed V. Tout au long de cet itinéraire, les étudiants coordonnaient la marche et la discipline par le biais d'appels téléphoniques. « Nous avons marché depuis Si Mustapha. Nous sommes toujours debout et sans avoir pris la moindre nourriture. Durant la nuit, nous étions obligés de nous regrouper pour éviter d'éventuelles agressions», raconte un étudiant de l'université de Tizi Ouzou. En clamant « l'affranchissement de l'université », les étudiants, après avoir franchi l'autre cordon de sécurité dressé au niveau du carrefour de Souidani Boudjemâa, furent finalement bloqués au niveau du lycée Bouamama. Les affrontements dureront presque une heure avant que les étudiants soient dispersés. Ils se retrouveront une heure plus tard devant la grande poste où ils ont organisé un rassemblement au cours duquel ils ont fait part de leur détermination à poursuivre la contestation. Tour à tour, les membres de la CNAE les ont exhortés à rester unis dans leur lutte.