Le «printemps arabe» accouchera-t-il d'un troisième bain de sang après celui de la Libye et du Yémen ? «Les événements dans certains gouvernorats, notamment à Homs, au centre et à Banias, au nord-ouest, où des soldats, des policiers et des civils ont été tués, montrent qu'il s'agit d'une rébellion armée de groupes salafistes», déclare le ministère syrien de l'Intérieur, promettant de tordre le cou aux salafistes armés qui portent atteinte à la sécurité des citoyens. «Nous allons imposer avec fermeté la sécurité et la stabilité dans tout le pays en les poursuivant où qu'ils se trouvent pour les traduire devant la justice et mettre fin à toute forme de rébellion armée», dit-il qualifiant les agissements de ces groupes armés de «crimes crapuleux» visant à «détruire, assassiner et semer la confusion parmi les habitants». Damas a mis en garde hier contre toute nouvelle manifestation «sous n'importe quel slogan», invite les citoyens à «révéler les lieux où se trouvent les terroristes» et à ne pas leur permettre de «s'infiltrer parmi eux». Vrai ou faux, la réalité est qu'un mois après, la protesta qui a démarré avec quelques dizaines de personnes, draine aujourd'hui des dizaines de milliers en s'élargissant géographiquement en se radicalisant à chaque répression. «Les forces de sécurité, qui garantissaient la stabilité du pouvoir, sont la raison première de sa déstabilisation : la riposte sécuritaire provoque la population», affirme Basma Kodmani, directrice de l'Initiative arabe de réforme, un centre de recherches basé à Paris et à Beyrouth. «Les services de sécurité continuent de tirer, car ils sont dans une logique sécuritaire qui risque de mener à un raz-de-marée de manifestations», prévient Bourhane Ghalioune, le directeur du Centre des études arabes et de l'Orient contemporain à la Sorbonne. La population brave dans tout le pays la police. Même Damas et Alep commencent à bouger. Les slogans ont changé aussi. Les manifestants ne demandent plus une émancipation du système d'oppression mais le départ du régime dont ils jugent les promesses de réformes «insuffisantes». Plus de 20.000 personnes se sont rassemblées lundi soir, à Homs, sur la place de l'Horloge rebaptisée place Tahrir, l'épicentre du mouvement de contestation qui a conduit à la chute de Hosni Moubarak, pour réclamer…. le départ de Bachar Al-Assad. Dans certaines villes, notamment celles qui ont eu leurs lots de «martyrs» et de «lynchages», des sit-in jusqu'à la chute du régime se mettent en place. Souvent avec l'aide des Frères musulmans. Les Etats-Unis qui assument les révélations de WikiLeaks- ils auraient financé en secret des groupes de l'opposition syrienne et une chaîne critique à l'égard de Damas», en présentant leurs «actes» comme une partie de leur «soutien à la société civile et aux ONG» en Syrie pour renforcer la liberté d'expression», dixit Mark Toner, le porte-parole du département d'Etat, demandent au président Assad qui les «préoccupe» de «répondre aux aspirations légitimes de son peuple». Comment ? Ils ne le disent pas encore. 200 personnes au moins ont été tuées depuis le début du mouvement de contestation en Syrie selon Amnesty International par des «tirs des forces de sécurité ou des hommes en civil agissant à leurs côtés et utilisant des balles réelles», ajoute l'ONG, par des groupes armés de l'opposition, lui réplique le gouvernement syrien.