La situation du malade atteint de cancer ne cesse de se dégrader faute de prises en charge correctes. C'est le cri d'alarme lancé hier par plusieurs associations d'aide aux cancereux lors du forum de presse d'El-Moudjahid. Pour dénoncer cette situation critique et faire entendre la voie des malades, Mme Hamida Kettab, présidente de l'association El-Amel d'aide aux personnes atteintes de cancer, a réuni une dizaine d'associations. «Le Centre Pierre et Marie Curie, une institution de référence nationale, est tellement submergé par les malades que les rendez-vous pour les radiothérapies sont donnés à des dates trop lointaines», affirme Mme Kettab. Conséquence : faute d'une prise en charge dans les temps, le malade décède par négligence. Les principales victimes de cette situation sont les femmes. «Lorsqu'une femme découvre son cancer du sein, la date du rendez-vous de consultation lui est donnée trois mois après, entre-temps le cancer est déjà à un stade avancé», explique Mme Kettab. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, l'ablation du sein est suivie par une course contre la montre pour bénéficier de la chimiothérapie et la radiothérapie. Idem pour faire un scanner, une IRM ou une mammographie. «C'est le parcours du combattant», se désole la présidente d'El Amel. Normalement, juste après la chimiothérapie, la radiothérapie est programmée pour chaque cancéreux sinon il y a complication. DE L'URINE DE CHAMEAU FAUTE DE CHIMIOTHERAPIE -Selon les statistiques de l'association El Amel, ils sont plus de 28.000 patients à attendre une chimiothérapie. En désespoir de cause, les malades démunis se tournent vers la médecine traditionnelle. Ils ingurgitent de l'urine de chameau ou prennent des cocktails à base d'herbes médicinales. Pour Mme Kettab, cette situation est due à l'incompétence de certains hauts responsables «puisque la distribution des médicaments importés est mal gérée». «Il y a tout le temps des commandes et des ruptures de stocks». «Actuellement, l'acide zolidronique destiné au traitement des cancers du sein, le Métothrexat sous toutes ses formes pharmaceutiques pour enfant et adulte, la Métomycine, la Ladriomycine, le Zofren, le Temgesic (médicament contre la douleur aigue) et même le sérum bicarbonaté utilisé pour diluer les drogues pour la chimiothérapie sont introuvables, sans compter le manque de centres de soins palliatifs pour mourir dans la dignité», dénonce Mme Kettab. Pour le collectif des associations de lutte contre le cancer, les solutions résident «en attendant l'ouverture improbable des 57 centres anti-cancer» dans la prise en charge à l'étranger, la disponibilité des médicaments jusqu'à la thérapie avec des prévisions respectées et un programme d'importation fait dans les normes, la disponibilité des lits dans des services d'oncologie dans chaque unité de soins et des campagnes de prévention répercutées par les médias lourds. Les débats ont porté sur la prise en charge des démunis détenteurs de la carte Chiffa mais qui n'arrivent pas à rembourser leurs médicaments onéreux. «La balle est dans le camp des décideurs», conclut Mme Kettab qui annonce que dans un mois, d'autres actions sont prévues pour faire entendre le cri des malades atteints de cancer «si la tutelle continue à faire la sourde oreille».