Une première. Les chefs d'Etat des quinze membres du Conseil de sécurité qui se réunissent pour la cinquième fois depuis 1945 et pour la première fois sous la présidence américaine, appellent à un désarmement nucléaire. Cet appel qui fait passer le monde de la course aux armements lancée par George W. Bush, à l'Arms Control lancée par Barack Obama, n'est, certes pas un engagement à une réduction de l'arsenal atomique, - même si Washington et Moscou ont promis de remplacer, d'ici à la fin de l'année, le Traité sur la réduction et la limitation des armements stratégiques offensifs (Start), qui expirera en décembre 2009 et de diviser par trois le nombre de leurs vecteurs stratégiques d'ici 2012 - mais, il a au moins un mérite : l'acceptation par les puissances nucléaires de faire un lien entre leur désarmement et la prolifération nucléaire. Une ONU qui aurait un rôle de premier plan dans la gestion multilatérale des affaires du monde serait-elle en gestation ? En hibernation depuis douze années pratiquement, le débat sur le désarmement qui a redémarré à Genève en juin dernier, grâce au «rôle crucial» joué par l'Algérie, dixit Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, a réussi un effet d'entraînement à New York. Les «quinze» ont adopté jeudi soir, en présence du directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et lauréat du prix Nobel de la paix, Mohamed ElBaradei, une résolution (1887) appelant à l'instauration d'un monde dénucléarisé. Les 192 membres des Nations unies sont «priés» de «s'engager de bonne foi dans des négociations sur des mesures efficaces de réduction des arsenaux nucléaires et de désarmement» et à œuvrer à l'élaboration d'un «traité de désarmement général et complet sous strict contrôle international». Comme première étape, les 189 Etats signataires du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) sont «priés» de respecter leurs obligations, es autres Etats à le rejoindre au plus tôt en tant qu'Etat non doté de l'arme nucléaire et les objectif de cet appel : rendre le TNP universel, si possible dès la conférence prévue en mai 2010 à New York. L'Algérie, selon Chakib Khelil, le ministre de l'Energie et des Mines, «a émis à l'Agence internationale de l'énergie atomique son souhait de signer le protocole additionnel au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires». Outre la réunion exceptionnelle du Conseil de sécurité, une conférence sur le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT) a été organisée. Signé par 181 Etats, il entrera en vigueur dès qu'il sera ratifié par 9 autres Etats. Les Etats-Unis se sont engagés à le ratifier «dès que possible». La Corée du Nord, l'Inde, le Pakistan, l'Indonésie, l'Iran, Israël, la Chine et l'Egypte, qui ont signé le texte, pourraient le ratifier avant le sommet sur la sécurité nucléaire que les Etats-Unis comptent organiser en avril 2010. HIROSHIMA ET NAGASAKI APPLAUDISSENTEn attendant, le texte présenté par Obama appelle tous les Etats à «s'abstenir de tout essai nucléaire et geler les avoirs financiers utilisés pour la prolifération nucléaire, au renforcement des mesures de lutte contre le trafic, le financement et le vol de matières nucléaires susceptibles de tomber entre les mains d'extrémistes» et la conférence sur le désarmement à «négocier le plus tôt possible un traité interdisant la production de matières fissiles destinées à des armes ou explosifs nucléaires». L'Iran et la Corée du Nord, deux pays qui «défient», selon la résolution américaine le Conseil de sécurité, et «menacent» la paix et la sécurité internationales sont appelés à «respecter totalement leurs obligations découlant des résolutions pertinentes du Conseil» qui a «l'autorité et la responsabilité de réagir aux violations de ce traité lorsque celles-ci menacent la paix et la sécurité internationales», précise le locataire de la Maison Blanche à l'endroit de particulièrement de Téhéran à quelques jours des secondes discussions à Genève sur le programme nucléaire iranien, prévues le 1er octobre. Barack Obama qui veut sécuriser tous les matériaux nucléaires vulnérables d'ici 4 ans estime que les 12 prochains mois seront critiques pour l'effort mondial de contrôle des armes nucléaires. «Si nous échouons, ce sera une invitation à la course aux armements dans chaque région, et la perspective de guerres et d'actes de terrorisme sur une échelle difficile à imaginer», disait-il applaudi par les maires de Hiroshima et de Nagasaki, les deux seules villes du monde qui ont subi le feu nucléaire. Le lobby militaro-industriel américain, européen et russe laissera-t-il le monde se désarmer ?