La capitale n'a, certes, pas connu de manifestations de grande ampleur pour célébrer la fête des travailleurs. Aucune clameur n'a résonné dans ses salles. C'est la capitale des Hauts plateaux qui a été choisie pour abriter les festivités officielles, marquées notamment par un message du président de la République. Dans ce message lu à l'université de Sétif par M. Mohamed Boughazi, conseiller à la Présidence, en présence du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, M. Tayeb Louh, et du secrétaire général de l'UGTA, le chef de l'Etat a indiqué que le travail est au «centre de la politique nationale». Le travail «est, d'abord, un droit essentiel de la personne humaine dont restent encore privés trop de nos compatriotes en dépit des améliorations considérables enregistrées depuis la fin des années 90 quand le chômage affectait plus de 30% de la population active et plus de 50% des jeunes», a-t-il souligné. «L'emploi, a-t-il poursuivi, représente un enjeu considérable car il s'agit de développer parmi toutes les franges de la jeunesse la confiance en l'avenir et, progressivement, le sentiment de l'utilité sociale», a-t-il précisé. «Il s'agit aussi de renforcer la cohésion nationale dans une période où, à l'échelle du monde, la répétition et la profondeur des crises, l'exacerbation des tensions et le jeu des stratégies qui en résultent sont source d'incertitudes et de menaces de divers ordres», a-t-il poursuivi avant de rappeler que le programme de développement en cours a érigé l'emploi en «priorité absolue», avec un objectif de création de 3 millions de postes de travail sur la période 2010-2014. Le Président a mis ensuite l'accent sur les revalorisations dont ont bénéficié les travailleurs. «Elles ont été un autre volet de la politique menée en direction des travailleurs et s'est traduite par des hausses sensibles des salaires et du pouvoir d'achat. Ces hausses étaient nécessaires pour faire bénéficier les travailleurs des améliorations de l'économie, soutenue par la hausse du prix des hydrocarbures et débarrassée des contraintes de la dette extérieure Le 1er Mai intervient dans un contexte caractérisé par un regain de la contestation sociale et l'amorce de réformes politiques. Il est vrai que les manifestations restent interdites depuis 2002 à Alger. Ailleurs, des centaines de travailleurs ont battu le pavé à Bejaia. Les syndicats n'ont appelé à aucune action commune comme ce fut le cas dans différentes villes du monde comme Rabat et Tunis. La finale de la coupe d'Algérie a fait sortir hier plus de personnes dans la rue. Même le rassemblement des chômeurs a attiré peu de monde vu l'ampleur du chômage déploré sur tous les tons. Toutefois, de nombreuses activités ont marqué l'événement à travers le pays. Le SG de L' UGTA était depuis samedi à Sétif. Quelque peu éclipsée, la Centrale multiplie ces derniers jours les sorties pour montrer qu'elle est toujours présente sur le front des luttes sociales. Hier, Sidi Said a présidé l'ouverture officielle des travaux du 12e congrès de l'Union de wilaya UGTA. Il a pris la parole et M. Louh lui succédera à la tribune. DECLARATIONS ET MEETING La veille, Sidi Said s'était rendu à l'entreprise nationale des appareils de mesure et de contrôle (AMC) d' El Eulma, qui emploie 750 travailleurs dont 39% de femmes. «La confiance placée dans les compétences nationales, cadres et travailleurs a permis au pays de bâtir une économie forte et aux entreprises d'entrer de plain-pied dans le monde de la concurrence», a-t-il estimé. Il avait ajouté que «grâce au savoir-faire du travailleur algérien, celle-ci est parvenue à couvrir tous les besoins du pays». Il a ensuite exhorté les cadres et les travailleurs de cette entreprise, pionnière dans son domaine d'activités, à «améliorer l'intégration et à multiplier les contacts et les échanges avec les autres entreprises industrielles, dans l'optique de substituer la production nationale aux importations». La classe politique n'est pas restée indifférente à l'événement. Dans un communiqué rendu public hier, le RCD indique que «le 1er Mai survient dans une conjoncture politique et sociale dominée par l'aggravation des tensions politiques». Selon le parti de Said Sadi, «la faillite stratégique du pouvoir a eu, entre autres, pour conséquence la paupérisation de couches sociales de plus en plus nombreuses». Or, lit-on, «il n'y a pas de démocratie sociale sans démocratie politique». De son côté, Louiza Hanoune était à Tolga dans la wilaya d'El Oued où elle a animé un meeting populaire qui a permis de défendre les droits des travailleurs à «des salaires dignes» mais aussi de mettre en exergue l'action des pouvoirs publics qui ont soutenu le secteur public économique qui permettra de créer et de préserver les emplois. Enfin, le SG d'El El-Islah, M. Benabdessalam, «a plaidé en faveur d'une pluralité syndicale en vue de recouvrer les droits des travailleurs et réaliser les aspirations des jeunes à la recherche d'emploi».