Photo : Fouad S. Les efforts financiers que déploie aujourd'hui l'Etat algérien pour venir en aide au pouvoir d'achat des citoyens, pour promouvoir l'emploi et pour créer une dynamique sociale qui ne découle pas forcément d'une dynamique économique, semblent être des efforts réalistes et nécessaires. D'ailleurs, ce qui était un principe soutenable au plus fort de la crise économique mondiale l'est toujours, en dehors de toute appréciation circontanciée, concernant un pays comme l'Algérie qui vit un processus de transition d'une économie de rente vers une économie de production. Fallait-il, dès la décision d'opérer les mutations économiques que dictait la mondialisation rompante, livrer les populations aux seules lois du marché, aux effets de la crise et de toutes les crises et en proie à des déficits en développement qui portaient, y compris sur des infrastructures vitales et sur des questions aussi primordiales que le logement et l'emploi ? Il ne fait aucun doute que la réponse à cette question ne peut être que négative, d'autant plus que le fait de la poser ne correspond pas à un doute sur la réponse à donner, mais plutôt à une volonté d'interpeller les promoteurs libéraux du tout-économique qui critiquent tout ce qui correspond à une intervention directe de l'Etat dans la vie sociale, croyant aux vertus de la croissance économique, dont il est souvent attendu qu'elle soit le seul canal par lequel advient la décence sociale. Cela, quitte à assumer le contraire quand l'économie peine à démarrer. De toutes les façons, et cela de plus en plus de politiques dans le monde semblent l'avoir intégré, il ne peut y avoir de politique économique constructive sur le long terme qui ne soit d'abord le résultat d'un compromis entre les principes de développement économiques et les impératifs de cohésion sociale.Il faut le dire, tout cela n'affranchit pas l'Algérie des rendez-vous qu'elle a avec son avenir que des défis conjuguent déjà au présent. Il s'agit de créer une économie forte et diversifiée qui ne dépende pas des seuls hydrocarbures. D'ailleurs, est-il possible de dépendre indéfiniment de ce qui ne dure pas ? Non. On peut juste profiter de la prospérité qu'il nous apporte pour promouvoir d'autres possibilités de richesses, et ces possibilités, justement, ne s'offrent pas uniquement par le canal économique, celui-ci étant lui-même, d'ailleurs, tributaire de conditions sociales et humaines sans lesquelles il n'y a pas de développement économique. Et pour élever l'économie au niveau de la modernité et de la bonne productivité, il faut mettre à son chevet le plus grand nombre de citoyens dotés des meilleurs atouts humains et professionnels, libérés des frustrations sociales les plus élémentaires et forts du sentiment d'avoir été associés à la dynamique socio-économique, loin de toute exclusion et de tout sentiment de marginalisation. Cela ne nous empêche pas, chemin faisant, de penser la chose économique selon la rigueur implacable qui la fonde à l'échelle universelle, afin de construire notre économie, non pas sur la base des impératifs et des contraintes imposées par le modèle social hérité du socialisme, mais sur la base d'un référent humain prospectif, celui d'une société en devenir, économiquement épanouie et apte à relever les défis de la mondialisation. Développer et préserver le social en attendant que l'économie y pourvoie, en grande partie, est un gage de stabilité et la voie vers un développement humain salvateur pour l'avenir, avec ou sans pétrole.