A l'heure où le couple franco-britannique, soutenu par les Américains, défendent au Conseil de sécurité un nouveau projet de résolution condamnant les violences en Syrie, c'est au tour des pays «amis» de se démarquer du président Bachar Al-Assad. La Russie qui s'oppose, à ce jour, à toute condamnation des Nations unies, commence à manifester sa désapprobation de la violence contre les manifestations. Le représentant spécial du président russe et du Kremlin pour l'Afrique, Mikhaïl Marguelov, a annoncé hier, mais sans s'étaler sur le sujet, sa décision de recevoir «prochainement» une délégation de l'opposition syrienne à Moscou. Changement de cap, d'une importance cruciale dans la position russe. Est-ce pour autant la fin de grâce accordée jusqu'ici à la Syrie ? De toute façon, il s'agit bel et bien de la fin d'une époque. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est un allié stratégique de la Syrie, a haussé, hier, le ton. Il a accusé le régime syrien «d'atrocité» - une première ! - et de ne pas se comporter «humainement» envers les protestataires. «Dans ce contexte, la Turquie ne peut pas défendre la Syrie», dit-il en répétant que son pays laisse ses frontières ouvertes aux réfugiés syriens, mais «jusqu'où cela va-t-il continuer ?» a-t-il ajouté. 2.500 Syriens sont partis se réfugier dans le sud de la Turquie, selon le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. Côté américain, l'heure est au durcissement du langage. Robert Gates, secrétaire américain à la Défense, a dénoncé le «massacre de vies innocentes» en estimant que la «légitimité» du président Bachar Al-Assad est, désormais, remise en question.