L'envoyé spécial du Kremlin, Mikhaïl Marguelov, attendu hier dans la soirée, n'arrivera en fin de compte qu'aujourd'hui à Benghazi, pour y rencontrer les dirigeants du Conseil national de transition (CNT), la direction politique de la rébellion. Il ne se rendra à pas à Tripoli, a indiqué hier sa porte-parole, Varvara Paal. Mme Paal a confirmé que M. Marguelov, le représentant du Kremlin pour l'Afrique, devrait rencontrer Moustapha Abdeljalil, le président du CNT, le numéro deux de la rébellion, Mahmoud Jibril, et le ministre de la Défense, Omar El-Hariri. Aucune rencontre avec des représentant du régime de Mouammar Kadhafi en Libye n'est prévue. Ainsi donc, il ne s'agit plus de médiation, comme annoncé auparavant et où M. Marguelov devait rencontrer les deux parties en conflit. Le régime libyen a-t-il refusé de rencontrer l'envoyé du Kremlin ? Très probable après que la Russie ait lâché Khadafi. Traditionnellement opposée à toute ingérence, la Russie, proche alliée de la Libye, avait fini, rappelons-le, par réclamer ouvertement le départ de Khadafi, à l'issue du G8 où elle s'était pour la première fois ralliée à la position des occidentaux. «Oui, nous sommes prêts à l'admettre... il doit partir», avait déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov. En ralliant le camp des occidentaux, Moscou a gagné un rôle de premier plan dans les efforts de résolution de la crise libyenne. Mais tentant de tenir le bâton au milieu dans cette crise, la Russie qui s'était abstenue pendant le vote à l'ONU de la résolution 1973 autorisant des frappes internationales en Libye, a de nouveau affiché, samedi dernier, des appréhensions après la première intervention d'hélicoptères de combat britanniques et français estimant que cela risquait de «dérapait vers une opération terrestre» en Libye, ce qui serait «déplorable». Mais les nouvelles déclarations de Moscou sont loin d'effacer son paraphe de la déclaration du G8 qui exige le départ de Khadafi. Clairement, le régime libyen avait affiché son refus à la médiation russe, déclarant s'accrocher au plan de paix de l'UA. Face au refus de la médiation russe par le régime libyen, Moscou ne pourra aucunement jouer le rôle, tant souhaité, d'intermédiaire dans ce conflit. Sur le terrain, l'OTAN poursuit ses frappes. Hier, le siège de la radio et de la télévision libyennes ainsi que le bâtiment du Parlement, situés au centre de Tripoli, à quelques 2 km à l'est de la place Verte, ont été visés par des raids aériens. Dans son compte-rendu quotidien sur les opérations de la veille, l'OTAN a indiqué avoir visé notamment des sites de lancement de missiles. Par ailleurs, Rome a accusé hier Tripoli de contraindre les réfugiés étrangers d'embarquer de force vers l'Italie. Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a déclaré à un journal italien «nous recueillons des preuves pour démontrer que le régime libyen fait embarquer des réfugiés sur les bateaux contre leur gré» ajoutant que «beaucoup de ceux qui sont arrivés à Lampedusa disent qu'ils ont été forcés de quitter la Libye sans rien payer». Selon le chef de la diplomatie italienne, «ce qui se passe est un signe que Tripoli utilise l'immigration clandestine comme un moyen de vengeance», contre l'Italie. Enfin, sur le plan judiciaire, le gouvernement suisse a autorisé l'ouverture d'une procédure pénale contre le régime libyen dans l'affaire des deux hommes d'affaires helvétiques qui avaient été retenus pendant près de deux ans en Libye. Les relations entre Berne et Tripoli s'étaient crispées après l'arrestation musclée en juillet 2008 à Genève d'un des fils du leader libyen, Mouammar Kadhafi, qui avait par la suite retenu pendant près de deux ans deux Suisses sur le territoire libyen. H.Y./agences