Le personnel d'Algérie Poste a déclenché un mouvement de grève le 28 mai dernier. Il demande une augmentation des salaires. Deux semaines après, Algérie Poste et la Fédération des travailleurs de la poste et des technologies de l'information et de la communication ont procédé à un accord portant sur l'augmentation de 30% du salaire de base des travailleurs de l'entreprise et la révision de leur régime indemnitaire. En raison de mésentente sur l'effet rétroactif, certains postiers refusent de reprendre le travail. Afin de faire la lumière sur ce dossier, Omar Zerarka, Directeur général d'Algérie Poste, a bien voulu répondre à nos questions. Malgré l'augmentation des salaires, plusieurs travailleurs campent sur leurs positions et continuent leur mouvement de grève. Hier, vous avez tenu une réunion pour évaluer la situation. Que ressort de cette réunion ? On a fait une réunion pour évaluer la situation qui prévaut dans l'entreprise. Après l'accord que nous avons signé avec la Fédération des travailleurs sur la revalorisation des salaires, nous avons constaté qu'il y a eu des travailleurs qui n'ont pas apprécié cette augmentation. A mon sens, il y a eu une revalorisation très importante des salaires et des indemnités. Mais les travailleurs demandent à ce qu'il y ait une revalorisation avec un effet rétroactif à partir de janvier 2008 Les travailleurs qui demandent une revalorisation avec l'effet rétroactif se confondent encore avec le secteur de la fonction publique. Il faut savoir que ces secteurs ont eu une augmentation avec effet rétroactif à partir de janvier 2008, alors que nous émargeons à une convention collective à partir de janvier 2003. Depuis, il y a eu un ensemble d'augmentations dont la dernière remonte à mai 2010 avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2010. Il me semble que la chose est claire par rapport à l'effet, nous avons décidé donc d'accorder ces augmentations sans effet rétroactif et le mode d'application interviendra à partir de juillet 2011. Les grévistes refusent également la revalorisation par étapes, c'est-à-dire l'application de l'augmentation du salaire de base sur trois étapes, soit une augmentation de 20% à partir du 1er juillet 2011, une de 5% à partir du 1er janvier 2012 et une autre de 5% à partir du 1er juillet 2012. De toutes les façons, l'augmentation accordée est de l'ordre de 30%, quant à son application, nous avons regardé la situation financière de l'entreprise. Nous avons accordé cette augmentation sous conditions : il faut que l'ensemble du personnel d'Algérie Poste, travailleurs ou cadres, travaillent davantage et augmentent le chiffre d'affaires pour pouvoir supporter cette augmentation, qui reste très importante à mes yeux. Comment comptez-vous gérer la situation de ceux qui continuent à faire grève ? De toutes les façons, nous avons aujourd'hui (hier Ndlr) une reprise progressive des services. Il ne reste que quelques bureaux dans certaines wilayas. Nous avons fait un travail de sensibilisation en essayant de communiquer avec eux et de leur expliquer les avantages accordés dans cet accord. Maintenant, il faut que les choses reviennent à la normale. S'il y a encore des fonctionnaires qui refusent de travailler, nous passerons à l'application de la réglementation en vigueur. Dès le départ, nous avons estimé que c'était un mouvement illégal et qui n'a pas été encadré. Pour nous, en toute sincérité, c'était très difficile de gérer ce type de situation. Cette grève de deux semaines a certainement accusé des pertes pour l'entreprise Au-delà des pertes financières et des manques à gagner, ce qui nous a gênés le plus ce sont les désagréments causés aux clients. Nous nous mettons dans la peau des personnes qui viennent retirer des pensions de l'aide de l'Etat (AFS) à titre d'exemple, des retraités, des personnes malades. C'est cela qui nous a gênés le plus. Par ailleurs, nous avons enregistré des pertes financières et des manques à gagner. Les 300 bureaux qui n'ont pas travaillé ont causé des pertes dépassant 400 milliards de dinars. Un mot pour les grévistes et pour les usagers de la poste Pour les grévistes, je leurs dirai qu'il n'y a aucune raison qu'ils continuent dans ce mouvement. Toutes leurs revendications ont été satisfaites. Nous avons fait des négociations avec beaucoup de difficultés car Algérie Poste possède aussi un Conseil d'administration qui a diagnostiqué de façon claire la situation financière de l'entreprise. Il a opposé des réserves sur les augmentations mais avec l'apport du ministre de la Poste et des TIC et son implication dans le dossier, nous avons pu consentir cette augmentation à condition que les gens se remettent à travailler rapidement et de redoubler d'efforts. Nous avons instruit d'engager un plan de redressement de l'entreprise dans l'immédiat pour rehausser le chiffre d'affaires, diversifier les produits et services et maîtriser les dépenses. Il faut que les postiers se mobilisent pour sauvegarder l'outil de travail qui leur appartient. La situation est réellement critique. C'est vrai, il y a beaucoup de potentiel, beaucoup de choses à gagner, des segments d'activité qu'il faut mettre à niveau. Tout cela ne se fera que par l'engagement, l'implication et la mobilisation de tout le monde. Pour les usagers, nous présentons bien sûr des excuses pour les désagréments causés. Nous leur promettons, à l'avenir, une meilleure qualité de service et une prise en charge à la hauteur des augmentations qui ont été accordées à notre personnel.