A première vue, On se croirait déjà dans le Samarcande d'Amin Maalouf, même si le livre est de loin plus vieux que celui de l'écrivain libanais. En tout cas Habib Tangour a planté le décor. Paru pour la première fois en 1977, le Vieux de la montagne, un mélange de roman et de poésie raconte trois personnages historiques A première vue, On se croirait déjà dans le Samarcande d'Amin Maalouf, même si le livre est de loin plus vieux que celui de l'écrivain libanais. En tout cas Habib Tangour a planté le décor. Paru pour la première fois en 1977, le Vieux de la montagne, un mélange de roman et de poésie raconte trois personnages historiques : l'inénarrable poète perse, mathématicien, astronome, et auteurs des Roubayyat (quatrains), Omar Khayyam, le chef de la secte des assassins, Hassan Sabbah, et trublion vizir, Nizam El-Molk. Ces trois prodiges, que tout oppose, se retrouvent néanmoins sur la même longueur d'onde qu'est le désir de Badra. Pour Khayyam, Badra, c'est la liberté absolue tant recherchée mais jamais atteinte dans un monde d'injustice et de frustrations. Hassan Sabbah, lui, voit une femme convoitée qui aurait peut-être été, dans une autre vie, un amour de jeune ; quant à Nizam El Molk, Badra est une épouse parmi tant d'autres, quoiqu'elle aurait pu être sa favorite… Quant à l'auteur, il s'agit plus d'une “'histoire convoquée pour quelque chose et avec des mécanismes qui ne se limitent pas seulement à raconter une histoire” philosophe-t-il. En face, le lecteur est sollicité pour pousser la réflexion au-delà du texte, comme il est souvent, voire toujours, le cas dans les œuvres surréalistes. Le mieux c'est de faire un travail de transposition et une espèce de “télescopage”, car le contexte de Nichapour intéresse peu le lecteur algérien, qui est, comme le dit si bien Tangour, “réaliste par nature”. On verra ainsi que Hassan Sabbah représente la montée du fanatisme religieux obscurantiste dans les années 1990 en Algérie ; Nizam El-Molk symbolise les opportunistes qui sont prêts à tout pour prendre le pouvoir et s'enrichir envers et contre tous. Quant à Khayyam, c'est l'esprit libre et affranchi de toutes les convoitises terrestres. Le drame de Khayyam, de Nichapour est le drame de l'Algérie des années 1990. Amine G.