Photo : Makine F. Les premiers états généraux sont ouverts, depuis hier, au Palais des nations sous forme de cinq ateliers. «Le président de la République m'a demandé de transmettre à l'ensemble des participants son sentiment intime de soutien et d'écoute. Il entend, en particulier, libérer la parole de la société civile dans l'ordre d'un nouveau système de gouvernance pour dire que nous sommes dans une approche de la base vers le sommet», a indiqué, hier, le président du Conseil national économique et social (CNES), M. Babes à l'ouverture des premiers états généraux de la société civile algérienne. Il a également insisté sur la nécessité de dégager des «consensus» autour des thèmes qui seront débattus lors de ces assises inédites. «Le président de la République nous a donné l'occasion de dialoguer et de partager nos points de vue et a voulu faire participer toutes les potentialités nationales en toute transparence», a souligné M. Babes. «Il s'agit d'un nouveau modèle de gouvernance qui nous est ainsi proposé», a-t-il résumé. M. Babès a ensuite assuré que les recommandations qui seront issues de cette réunion de trois jours seraient soumises au président de la République. Pour leur part, les participants à ces assises, auxquelles aucun officiel algérien de haut rang n'a pris part comme pour laisser, symboliquement, la société civile à ses responsabilités, ont affirmé que la tenue de ces premiers états généraux reflète la volonté «affirmée» du Président Bouteflika d'ouvrir le débat, indispensable pour la construction démocratique. «Libérer la parole» est le mot d'ordre de cette manifestation sur lequel le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a beaucoup insisté. «Le président de la République nous a exhortés, dans un message, à donner la parole à tous les acteurs de la société civile et sortir avec des recommandations qui soient constructives. Dans cette manifestation, unique en son genre, la parole est donnée à toutes les capacités nationales pour aboutir à un consensus. C'est pour dire aussi, à travers cette manifestation, que nous sommes dans une approche qui va de la base vers le sommet», assure dans son allocution d'ouverture, Mohamed Séghir Babes, président du CNES. Un événement que Jean Paul Carteron, président du forum da Crans Montana, salue fortement en soulignant que ce genre d'initiative permet de soulager la «fracturation générationnelle» engendrée entre ceux qui ont le droit de s'exprimer et ceux qui sont exclus d'une part, et entre l'économie et la réalité humaine, d'autre part. Par ailleurs, tout en approuvant également cette manifestation, Antonio Marzano, président de l'AICESIS, appelle à l'organisation d'une assemblée sur la société civile de la Méditerranée. «Nous allons, comme première étape, organiser au mois d'octobre un colloque sur la société civile de la méditerranée», fait-il savoir tandis que la représentante spéciale du président du comité économique et social européen, affirme que cette manifestation, initiée par l'Algérie, reflète la nouvelle stratégie de partenariat imaginée par l'Union Européenne, après le «printemps arabe». Pour revenir au cinq ateliers qu'érige cette manifestation, les participants ont pour mission de définir, pour commencer, le nouveau régime de croissance. Dans ce contexte, les opérateurs économiques sont sommés de faire mieux que durant les 40 dernières années, avec création d'emplois (300 000 demandes chaque année), approvisionnement du pays en biens alimentaires et création de nouvelles sources de financement. Il s'agira, au fait, d'arriver à une économie compétitive, sans inflation ni déficit budgétaire, par l'émergence et la valorisation des compétences locales et régionales. Ensuite, concevoir un système de protection sociale et de solidarité nationale qui assure une meilleure répartition des richesses, une plus grande justice et intégrité et qui permet l'égalité dans les chances d'accès aux services. De ce fait, les participants sont sollicités pour mettre en place une ingénierie sociale. La participation démocratique sera également débattue lors de ses états généraux comme moteur pour mener à bien le dialogue social et pour arriver à une gouvernance rénovée. Le but aussi est d'aboutir à une société neutre et consensuelle, ouverte à tous les acteurs sociaux. Il faudra aussi faire en sorte que la société civile soit reconnue comme partenaire à part entière des pouvoirs publics. En outre, dans ces ateliers, les participants devront se pencher sur la problématique de la jeunesse en faisant abstraction des décisions de l'administration qui ne propose que des solutions temporaires. L'objectif est de mettre en œuvre une politique qui résiste à l'épreuve des contextes et qui ne risque pas de s'effondrer lorsque ces derniers se durcissent. Au fait, il s'agit, lors de ces première états généraux, de répondre à une demande expresse de changement dans la société par la société.