Il était une fois un sage africain, venu de Tombouctou pour répandre la bonne parole des siens à leurs frères du Nord. Son sinueux parcours jonché de difficultés s'est terminé à la place de la régence entouré de badauds venus lui prêter allégeance autour d'un plat de fèves. Il s'est tant gavé de ce biblique féculent qu'il en tomba amoureux. Les Ban-Mâna (ban : refus, mâna : maître), c'est-à-dire ceux qui ont refusé d'être dominés, plus communément connus sous le vocable de bambara que leur a donné le colonisateur européen, tiennent surtout par leur dialecte, dérivé de la langue mandingue, une place importante au sein des autres groupes ethniques du Mali. En effet, la popularité du dialecte bambara est telle que l'observateur non averti pourrait s'imaginer que c'est l'ethnie bambara qui prédomine au Mali. Par ailleurs, l'illusion que donne la prédominance absolue du groupe bambara provient également du fait qu'en général les musulmans et en particulier les Toucouleurs, désignent sous le nom de bambaran-kobé (les bambara) du Mali. Il est vrai que les bambaras proprement dits sont très nombreux au point d'en rencontrer un peu partout, même au Sénégal, au Burkina Faso, en Guinée, en Mauritanie et en Côte-d'Ivoire. Au Mali, ils constituent le groupe ethnique le plus important. La grande masse des bambara, dont l'aire géographique s'étend du centre Est à l'Ouest du Mali, est répartie entre les régions de Ségou et de Niono (delta central nigérien), du Bélédougou (cercle de Kolokani au Nord de Bamako) limitrophe de la zone sahélienne, du Kaarta, à cheval sur les cercles de Kita, au Sud et de Nioro au Nord et les cercles de Koulikoro, Dioïla, Banamba, Bougouni, Yanfolila, Kolondiéba et Sikasso. A Tombouctou, le rayonnement culturel africain devait atteindre le zénith de sa croissance. Dans le foisonnement des confréries religieuses dominées par la grande école théologique des Tidjani, les bambaras se sont hissés au premier rang dans la reproduction des versets coraniques en dialecte local. L'Afrique leur doit cet impact culturel si bien que d'infatigables globe-trotters bambaras se sont déplacés vers le nord, notamment en Algérie pour faire une jonction initiatique avec le soufisme. Dans cette grande mouvance spirituelle, le Tam Tam de Baba Salem a retenti dans les profondeurs de la société algérienne pour se greffer aux us et coutumes. Les grandes manifestations conduites selon le rite bambara, ont donné lieu à des veillées initiatiques pour atteindre l'élévation. Devenir un maâlem (maître) dans la conduite des grandes séances transe-musical devait passer par un immense apprentissage de la psychanalyse traditionnelle La musique adoucit les mœurs, dit-on, ces pionniers de cette nouvelle dimension culturelle se sont fondus dans le tissu socio-culturel maghrébin pour apporter le preuve que l'Afrique s'étendait jusqu'au nord du continent. Dans la forme la plus ludique, les Algériens ont commencé par adopter Baba Salem. Dans son costume cérémonial, il sillonnera dans son long pèlerinage le territoire national pour captiver les foules et répandre le message des Bambaras.