L'ancien ministre d'Etat français, sénateur du territoire de Belfort et président de l'association France-Algérie, M. Jean-Pierre Chevènement, a souhaité que pour traiter les «problèmes liés à la mémoire» entre l'Algérie et la France, une structure équivalente à la «commission justice, vérité et réconciliation» qui a existé en Afrique du Sud post-apartheid soit mise en place. «Je pense que s'il y avait l'équivalent de la commission de justice (vérité-justice-réconciliation) qui existait en Afrique du Sud, ce serait bien que chacun y apporte ses témoignages», a déclaré, hier, M. Chevènement lors d'un point de presse à Alger. à propos de la repentance, il a estimé nécessaire de se tourner vers l'avenir, de mieux se comprendre et d'organiser au mieux les contacts entre Algériens et Français, tout en étant conscient de notre passé commun. «Je souhaite qu'on célébrera le cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie en regardant vers l'avenir», a-t-il indiqué, avant de préciser que «nous ne prétendons pas régler les problèmes de l'Algérie à la place des Algériens». Dans le même sillage, le président de l'association France-Algérie se réjouit du réchauffement des relations algéro-françaises, en reconnaissant, cependant, l'existence de quelques accidents de parcours. Pour étayer ses propos, il a affirmé qu'il n'y a pas de crise entre les deux pays et beaucoup de dossiers ont été débloqués à l'issue de la visite d'Alain Juppé. A propos de l'histoire commune des deux pays, M. Chevènement préfère confier son écriture «aux historiens objectifs». Sur ce point précis, il a indiqué qu'«on peut parler du passé sans rien omettre, car le passé ne doit pas obscurcir l'avenir». Tout en qualifiant d'«inacceptable» le colonialisme, il a estimé que son pays doit être conscient de ce qui s'est passé en Algérie. Penser l'avenir d'une manière positive en tenant compte des possibilités existant entre les deux pays permettra, selon l'hôte d'Alger, aux deux parties d'ouvrir une nouvelle page. M. Chevènement a affirmé avoir rencontré le président du Cnes, le secrétaire général du FLN, le président du RCD. Les entretiens avec M. Belkhadem, a-t-il dit, ont porté sur des questions internationales, dont la Libye, et de la mémoire. M. Chevènement devra rencontrer le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, demain ainsi que les patrons de presse. Sur un autre plan, il a noté que l'association qu'il préside, qu'il qualifie de «réservoir de bonne volonté militante», vise la promotion de la coopération et des relations d'amitié. Parlant du projet de l'Union pour la Méditerranée, il a estimé que c'était une idée originale qui est, peut-être, émancipatrice mais prématurée. «Il faut saisir ce qui va dans le bon sens et ne pas rester prisonniers des formules pré-établies», a-t-il soutenu. M. Chevènement a annoncé la tenue, fin de l'année en cours, d'un colloque algéro-français sur les enjeux culturels, économiques. Dans ce cadre, il a fait savoir que l'association France-Algérie peut agir facilement dans le domaine de la petite et moyenne entreprise, en particulier dans les secteurs de l'aménagement du territoire et de l'environnement. En ce qui concerne le vent de changement qui souffle sur plusieurs pays arabes, il a affirmé que l'aspiration des peuples à s'autodéterminer ne peut qu'«avoir notre sympathie, car l'aspiration à la démocratie doit venir des peuples».