Aucun responsable européen ne s'est rendu en Syrie pour discuter avec nous de ce qui se passe. Les pressions internationales, de plus en plus accrues, ont fait sortir la Syrie de son mutisme. Après le discours, lundi du président Bachar Al Assad, dans lequel il a dénoncé un «complot ourdi» contre son pays, c'était hier au tour de son ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallam, de rejeter «toute ingérence» dans les affaires intérieures de la Syrie. «Nous rejetons toute ingérence étrangère. Nous (les Syriens) pourrons parvenir à des dénominateurs communs en dépit des divergences des points de vue. Personne à l'extérieur (de la Syrie) ne doit nous imposer son point de vue», a martelé ce dernier, lors d'une conférence de presse. Le ministre s'est en pris vigoureusement à son homologue français Alain Juppé, l'accusant de nourrir des «illusions colonialistes» et jure qu'il «n'aura aucune influence dans les affaires syriennes». Assimilant les sanctions européennes imposées au régime à cause de la répression à une «guerre», le chef de la diplomatique syrienne a regretté «qu'aucun responsable européen ne s'est rendu en Syrie pour discuter avec nous de ce qui se passe. Ils ont commencé à imposer une série de sanctions et aujourd'hui, ils visent le gagne-pain des Syriens, ce qui équivaut à une guerre» note-t-il. Et d'annoncer sur un ton martial le gel de la participation syrienne à l'Union pour la Méditerranée «Nous allons oublier que l'Union européenne figure sur la carte». Dans la foulée, même la Turquie prend pour son grade. Selon le diplomate, la Syrie souhaite «les meilleurs relations avec la Turquie» si ses responsables acceptent de «revoir leur position» sur les évènements en Syrie. «Nous sommes attachés aux meilleures relations avec la Turquie avec laquelle nous partageons plus de 850 km. Nous ne voulons pas anéantir des années d'efforts déployés pour établir des relations privilégiées», rassure le ministre. M. Mouallam a par ailleurs, démenti que son pays recevait l'aide de l'Iran ou du Hezbollah libanais contre les manifestants qui contestent le régime du président Assad, alors que l'Union européenne compte sanctionner trois Iraniens accusés d'aider le régime syrien. Selon le ministre syrien, les assassinats de membres des forces de sécurité sont un indice du rôle d'Al Qaïda dans les violences.