Photo : Makine F. Les avocats ont observé hier un sit-in devant le siège de l'APN pour protester contre le projet de loi régissant leur profession. Après s'être rassemblés en face du tribunal d'Alger, les robes noires ont forcé le cordon des forces de l'ordre pour ensuite se diriger vers le siège de la Chambre basse. Au même moment, le ministère de la Justice s'est refusé à toute déclaration du fait que cet avant-projet de loi est actuellement sur le bureau de l'APN. Auparavant, Mohamed Selini, bâtonnier d'Alger, avait annoncé dans une conférence de presse que l'examen de l'avant-projet de loi relatif à la profession des avocats a été reporté au mois de septembre jusqu'à la session parlementaire d'automne. Pour autant, ce report n'a pas apaisé la colère des avocats. «Nous revendiquons le retrait et non le report de ce projet qui consacre la répression et l'abus de l'autorité. En préambule, il est écrit que la profession d'avocat est indépendante mais dans les articles, tout montre le contraire. Pis, ces articles sont en contradiction avec les conventions sur les droits que l'Algérie a signés», affirme-t-il. Un avant-projet qui ne comporte aucun point positif, assure Rachid Ouali, avocat et ancien membre du Conseil de l'ordre des avocats. «La loi conçue à l'époque du parti unique est plus avancée que ce projet», estime-t-il.«Cette marche, c'est pour dire que nous maintenons notre position. Nous irons jusqu'au bout pour que ce projet soit retiré ou, au moins, qu'il soit exposé au niveau des assemblées générales de tous les ordres des avocats au niveau national. Tous les ordres des avocats, à l'exception de deux, sont contre ce projet et exigent une assemblée générale extraordinaire du conseil de l'Union des bâtonniers, qui aura probablement lieu au mois de septembre», explique-t-il. Le bâtonier d'Alger fera savoir, à ce propos, que le bâtonnier national avait décidé d'une assemblée générale le 2 juillet mais dans laquelle il refusait d'évoquer ce projet. «Les bâtonniers on refusé de le suivre. Le bâtonnat national a donc décidé de reporter cette assemblée à une date ultérieure», souligne-t-il. Toujours dans le même contexte, les autres représentants du bâtonnat d'Alger ont dénoncé les agissements du bâtonnat national, allant jusqu'à annoncer qu'il n'est plus reconnu en tant que tel par eux. «A partir de maintenant, c'est le bâtonnat d'Alger qui s'occupera de cette affaire», disent-ils.Outre cette marche dans laquelle les avocats ont appelé également à la démission du ministre de la Justice, les protestataires sont prêts, signale le bâtonnier d'Alger, à paralyser l'activité si cela s'avérera nécessaire. «Nous irons même jusqu'au retrait carrément de la profession s'il le faut. La justice dans ce cas-là se fera sans nous !», ajoute-t-il en déplorant que la tutelle n'ait pas réagi jusqu'à présent. «Nous sommes en train de rédiger un communiqué qui sera finalisé ce week-end, et dans lequel nous exposons les réglementations sur le métier d'avocat adoptées notamment dans les pays voisins, en les comparant aux nôtres. Ce communiqué sera transmis au président de la République», indique-t-il.