Découvert pour la première fois en Algérie en 2010, le feu bactérien est une maladie redoutable qui touche essentiellement les arbres fruitiers et notamment la famille des rosacées à pépins tels le poirier, le pommier, le néflier et le cognassier. A l'heure actuelle, on ne sait pas comment cette bactérie a été introduite et qui a déjà affecté quelques vergers de la Mitidja, Tipasa, Alger, Boumerdès et Mascara. Selon Mme Samira Kerboua, responsable du service de bactériologie à l'Institut national de protection des végétaux (INPV), cette bactérie n'affecte pas l'être humain et ne provoque aucun cancer comme cela a été rapporté par certains quotidiens arabophones. Le feu bactérien dont le nom scientifique est «Erwinia Amylovora» est actuellement présent dans 38 pays notamment, ceux d'Europe. Dans notre pays, la maladie a été découverte, l'année dernière, par un inspecteur ingénieur agronome à Koléa, dans la wilaya de Tipasa. La bactérie dont on ignore la provenance, est introduite dans les arbres par les voies naturelles (fleurs,bourgeons) et par les blessures. La maladie se caractérise par un brunissement des rameaux qui restent courbés avec des feuilles attachées en forme de crosse. Mme Kerboua explique que « si la fleur et le bourgeon sont attaqués, la récolte est compromise. C'est pour cela que le staff de l'INVP est mobilisé pour circonscrire cette maladie qui est uniquement présente dans la région du centre ». Pour cela, il a été préconisé par l'INVP, un travail de sensibilisation à l'échelle nationale. Ainsi, des dépliants et autres affiches ont été distribués aux propriétaires des vergers en plus des journées d'information initiées par les agents de contrôle et de vulgarisation et les inspecteurs. S'agissant de bactéricide, Mme Kerboua affirmera que « le ministère est en train d'activer pour l'homologation de quelques produits pour lutter contre le feu bactérien ». En attendant, l'INPV préconise, selon elle, les moyens prophylactiques pour préserver les zones indemnes en coupant à 70 cm les rameaux touchés et les incinérer, par la suite, sur place. Eviter d'acheter le matériel végétal dans les zones touchées, stériliser les outils de travail et éviter le déplacement des ruches. « Mais cela ne suffit pas », reconnaît Mme Kerboua. La bactérie est peut-être, selon les spécialistes, transportée par les oiseaux, les insectes, la pluie, le vent, l'arrosage par aspersion, les outils de travail contaminés... A l'heure actuelle, environ 1350 échantillons ont été prélevés et analysés. Aussi bien le siège de l'INVP que les stations régionales sont à pied d'œuvre pour effectuer les analyses selon le protocole de l'Organisation européenne pour la protection des plantes (OEPP). UNE CELLULE DE CRISE MISE EN PLACE Après confirmation de la présence de cas du feu bactérien, une décision a été signée par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural pour rendre obligatoire la lutte contre cette maladie. En vertu de cette décision, tout cas suspect de feu bactérien doit être déclaré au service phytosanitaire de wilaya qui doit prendre les mesures nécessaires pour circonscrire la dissémination du feu bactérien. Des mesures ont été prises par les services phytosanitaires pour prendre en charge les zones affectées et préserver les zones indemnes. L'objectif escompté est de préserver la production arboricole. Dans un premier temps, on procède au niveau de la cellule de crise à prospecter, évaluer et cartographier les foyers d'infestation. Dans les zones indemnes, les actions consistent essentiellement à surveiller les vergers et procéder, en cas de suspicion, à des analyses. Par ailleurs, un comité national de suivi a été installé pour suivre l'état d'avancement de la mise en œuvre des plans d'action. En outre, il a été décidé de prévoir une prime d'indemnisation qui sera octroyée aux agriculteurs ayant subi des dommages déclarés aux services phytosanitaires de wilaya.