Photo : Makine F. Etant des voisins «immédiats et très proches» de la Libye, l'Algérie et l'Italie se disent favorables à une «solution politique» à la crise qui secoue ce pays, ont indiqué, hier à Alger, les ministres des Affaires étrangères algérien et italien, respectivement MM. Mourad Medelci et Franco Frattini dans le cadre d'une conférence de presse conjointe tenue à la Résidence El Mithak. La solution évoquée converge dans le sens de la proposition faite par l'Union africaine, qui bénéficie, selon Medelci, d'éclairages extrêmement importants. «La solution politique qui est véhiculée par la proposition faite par l'Union africaine (UA) a retenu toute notre attention. J'ai eu l'occasion d'expliquer à M. Frattini que cette proposition africaine bénéficie d'éclairage extrêmement important que l'Union européenne, la Ligue arabe et les Nations unies ont pu donner», a indiqué le chef de la diplomatie algérienne. C'est ainsi qu'il a fait remarquer que la démarche de Malabo initiée par l'UA a aujourd'hui le mérite d'être «collective». Expliquant que les fondements et les conditions de la mise en œuvre de cette démarche «sont non seulement un sujet d'attention permanente des Italiens, mais ces derniers partagent le point de vue qui voudrait qu'on passe maintenant à la solution politique». Chose que confirme son homologue italien. «La solution politique est la seule alternative urgente», dira-t-il, car l'Italie ainsi que l'Algérie ont un intérêt direct à la paix et à la stabilité politique en Libye. Exigence italienne : l'exclusion de Gueddafi et de sa famille qui doivent quitter, selon lui, le pouvoir.A la question de savoir si l'Algérie était pour ou contre la participation du Colonel Maâmar El Gueddafi au dialogue inter-libyen, M. Medelci a réaffirmé l'adhésion de l'Algérie à la démarche de Malabo qui «fait mention très clairement de l'engagement du Colonel El Gueddafi à ne pas faire partie du dialogue inclusif libyen». M. FRATTINI FAVORABLE À L'OCTROI DE VISAS LONGUE DUREE Le deuxième axe des consultations des deux ministres, porte sur le volet économique et la coopération bilatérale censé devenir davantage «stratégique». Par le biais des hydrocarbures, elle l'est déjà, indique Medelci, puisque l'Algérie est le premier fournisseur de gaz de l'Italie. «Stratégique» il faut qu'elle le soit également dans le domaine hors hydrocarbures, dira le chef de la diplomatie algérienne, en assurant que le ministre italien compte accompagner cet effort pour réaliser une présence plus durable des opérateurs économiques italiens dans différents domaines à l'exemple de la culture, la coopération militaire, le système de défense, la coopération sécuritaire… L'ensemble de ces axes de coopération sont aujourd'hui opérationnels et de plus en plus maîtrisés et efficaces, confirme M. Medelci. Il souligne que cela se fera dans la perspective de la tenue en octobre ou en novembre de l'année en cours à Alger d'un sommet entre Abdelaziz Bouteflika et Silvio Berlusconi. «Ce sommet pourrait avoir un caractère quasi-historique de par les décisions qui seront prises à cette occasion», affirme M. Medelci. Ce sommet pourrait être une opportunité historique pour élargir cette perspective qui fait maintenant de l'Italie le deuxième partenaire de l'Algérie. Le plus important pour le ministre des AE italien serait l'octroi de visas de longue durée et la facilitation des procédures dans le cadre d'un accord bilatéral entre l'Algérie et l'Italie et dans le respect des règles européennes. Faciliter la circulation dans tous les domaines d'intérêt commun serait l'objectif «clé» de la durabilité de la coopération italienne avec l'Algérie, estime M. Frattini. Sur un autre registre, il affirme que l'Italie apprécie les efforts de l'Algérie en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel, en soulignant qu'Alger joue un rôle «clé» contre les organisations extrémistes qui sont maintenant la plus grande menace pour les pays de la Méditerranée et de la Rive sud. «La coopération antiterroriste avec l'Algérie est concrète et très fructueuse», confirme-t-il.