Les pressions se font de plus en plus accrues sur Damas. Le régime syrien commence-t-il réellement à vaciller ? Même si Damas paraît résolue à en découdre avec les manifestations qui secouent le pays depuis quatre mois, l'opposition, elle, tant à l'intérieur du pays qu'à l'étranger, évoque déjà la période post-Bashar al-Assad. Et s'y emploie avec force. Une «conférence de salut national» réunissant plus de 300 opposants syriens s'est tenue hier à Istanbul en Turquie, pour examiner les moyens de renverser le régime de Bachar al-Assad, alors qu'une réunion jumelle prévue simultanément à Damas a été annulée en raison de violences. La conférence d'Istanbul, qui a réuni quelque 350 participants venus de différents pays et différentes tendances, vise à élaborer une «feuille de route» et mettre en place une structure de coordination permanente de l'opposition. «Le régime a perdu sa legitimité. Il ne peut pas rester au pouvoir après le sang versé, il doit répondre aux demandes des opposants et quitter le pouvoir d'une manière pacifique», a déclaré Mechaal al-Tamo, un militant kurde intervenant par téléphone depuis Damas. Les opposants ont aussi déploré l'annulation, en raison des violences, d'une réunion jumelle qui devait avoir lieu simultanément à Damas. La réunion de l'opposition intervient au lendemain de la plus importante manifestation que le pays ait vécue après quatre mois de protestation. Un million de personnes ont défilé contre le régime en place. Vingt-huit personnes ont été tuées vendredi, dont seize à Damas, quand les forces de sécurité ont ouvert le feu pour tenter de disperser des manifestations. Une intervention musclée qui a causé également une dizaine de blessés et plus de 300 personnes interpellées. Sur le plan diplomatique, les pressions se font de plus en plus accrues sur Damas. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a réaffirmé que «la Syrie ne peut pas retourner en arrière» et qu'à ses yeux, le président Bachar al-Assad «a perdu sa légitimité» à force de répression brutale de sa population. Mais «au bout du compte, c'est la responsabilité du peuple syrien que de choisir et de bâtir sa propre voie», a-t-elle dit.