Nos entreprises sont-elles en train d'adopter un régime «vacance», c'est-à-dire tourner au ralenti ? Ont-elles des problèmes de commandes chargées pour refuser de nouveaux chantiers ? Ce sont autant de questions que l'on se pose aujourd'hui au vu des résultats des appels d'offres publiés dans la presse. Des appels d'offres émanant d'institutions étatiques pour la construction de logements, d'infrastructures publiques, de voierie, de drainage... En effet, c'est en nombre impressionnant que ces appels d'offres, une procédure exigée par le code des marchés publics, se révèlent infructueux ces derniers temps. Ce genre de verdicts souvent constatés dans certains rapports des commissions des marchés auprès des organismes publics n'est pas une nouveauté, mais c'est l'ampleur des suites infructueuses qui soulève bien des interrogations. C'est ce que nous avons essayé de comprendre auprès de certains entrepreneurs en bâtiment qui, parfois, sont «harcelés en dernière minute» pour livrer à temps par exemple une école, un lycée ou un collège pour la rentrée, nous explique un chef d'entreprise de bâtiment de Rocher Noir. Une expérience éreintante qu'il a déjà vécue, lors de la rentrée précédente où, souligne-t-il, «j'ai dû livrer en dix mois un lycée avec toutes ses commodités». Une manière de dire que cette situation, le report des appels d'offres, peut «créer beaucoup d'accumulations de projets, ingérables à long terme», déplore-t-il. Il faut dire que, généralement, les retards de chantier sont imputables à une «pénurie de main d'œuvre spécialisée» ou à une «spéculation sur les matériaux de construction». Or, et heureusement, ce n'est pas le cas, aujourd'hui, où le ciment et le rond à béton, matériaux indispensables à la construction connaissent, pour une fois, «une certaine stabilité sur le marché», note un autre entrepreneur. Pour ce dernier, affilié à l'Association des entrepreneurs en bâtiment, «il n' y a nullement un manque d'entreprises de réalisation comme on a tendance à le croire» ni «une question de rigidité dans les procédures du code des marchés publics». Il y a au contraire, explique M. Kheloufi de l'AEB «une situation d'attente», au niveau des entreprises du bâtiment qui ne trouvent, affirme-t-il «pas de plan de charge». La plupart veulent, au contraire, selon lui, se concentrer sur les grands projets et plus exactement le nouveau programme de logements décidé par le président de la République et qui «est en cours de lancement», ajoute-t-ilLes projets, objet de rejet et qui ne trouvent pas preneurs sont «de petite dimension», c'est-à-dire de 20 à 30 logements, à l'image de ceux qui font l'objet d'appels d'offres actuellement, des logements destinés à l'astreinte. Ils ne sont pas «de l'envergure des entreprises moyennes comme celles de notre groupe», conclut-il. En vérité, il est tout à fait normal que certaines soumissions ne reçoivent pas, pour des raisons d'offre unique, ou carrément financière l'aval des membres de la commission des marchés. En revanche, une chose est sûre, les délais de réalisation et de livraison risquent, à ce rythme là, d'être vraiment contraignants.